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Yann Moix ou la société du spectacle

Yann Moix ou la société du spectacle

 - Modifié le 6 septembre 2019
?Le dernier livre de Yann Moix, "Orléans", constitue la polémique attendue de la rentrée littéraire.
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Rappelons les faits : dans ce roman que son auteur présente comme autobiographique, Moix énonce les violences qu’il aurait subies de son père quand il était enfant. Mais à peine le livre était-il sorti que le père a nié toute maltraitance et le frère cadet, Alexandre Moix, a publié une lettre dans les colonnes du Parisien pour dire que les sévices décrits dans ce texte étaient en réalité ceux que l’auteur avait fait subir à son petit frère : humiliations et coups répétés, tentative de défenestration et violences psychiques extrêmes.

Depuis, le père a tout de même reconnu qu’il avait mal réagi aux actes barbares du petit Yann. Et le livre se vend comme des petits pains, surfant sur notre triste instinct de voyeurisme. Tout cela nous interroge sur le rapport de notre société à la littérature. Il est tout à fait normal qu’un écrivain utilise une mémoire traumatique comme matière de roman. Mais dans le cas de Yann Moix, le malaise est extrême.

Non pas qu’il n’ait pas souffert dans son enfance et qu’il ait tout inventé : une famille qui se livre à de tels règlements de compte publics a nécessairement dû être marquée par des traumatismes profonds. Mais quand on voit son attitude sur les plateaux de télévision, on ne peut que s’interroger sur le sens de ses provocations à répétition. Du coup, ce texte est-il d’emblée, et d’autant plus avec la polémique qu’il a suscitée, suspect de n’être qu’une manipulation insultante pour toutes les victimes de violence parentale.

Un romancier peut certes tout inventer. Là n’est pas le problème. Mais un récit autobiographique ne peut se permettre de manipuler des faits aussi graves. La littérature comme tout art comporte une exigence de vérité, non pour une question de morale, mais parce qu’un art sans vérité n’est qu’une parodie. De toute évidence, Moix a choisi les pantomimes télévisuelles au détriment de la justesse du geste artistique. Il a abandonné la littérature pour choisir ce que Guy Debord appelait la société du spectacle, dont il est un précieux rouage, celle qui tue la littérature et toute forme de pensée.

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