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Vincent Duvivier : "Pour l'engouement populaire du rugby, je ne suis pas inquiet"

Vincent Duvivier : "Pour l'engouement populaire du rugby, je ne suis pas inquiet"

Un article rédigé par Stéphane Marcelot - RCF Puy de Dôme, le 27 novembre 2025 - Modifié le 27 novembre 2025
L'auvergnat de la semaineVincent Duvivier, l'homme de la communication de l'ASM Clermont

Entretien avec l'un des hommes de l'ombre de l'ASM Clermont, qui pilote les relations presse du club depuis 2007. Son parcours, son quotidien, mais aussi son accident qui a failli lui coûter la vie il y a six ans : Vincent Duvivier s'est confié aux antennes RCF en Auvergne, à quelques heures de la rencontre ASM / Stade Français.

Vincent Duvivier dans l'antre du stade Marcel-Michelin, à Clermont-Ferrand © RCFVincent Duvivier dans l'antre du stade Marcel-Michelin, à Clermont-Ferrand © RCF

Comment êtes-vous arrivé en Auvergne ?

Je suis originaire de Toulouse et j’ai joué au rugby au Stade pendant plusieurs années, jusqu’en adulte. Après, je suis parti à Nîmes. J’étais ingénieur en biologie moléculaire, et en parallèle je continuais à jouer au rugby. Et puis, j’ai appris que le club de Montpellier, qui était à côté, cherchait quelqu'un pour valoriser l'image de marque du club, au moment où ils ont investi le stade Yves du Manoir. C’est ainsi que je suis devenu communicant dans le rugby. Je suis resté trois saisons à Montpellier, jusqu'à la coupe du monde 2007 qui avait lieu en France. Lors de cette compétition, j’ai notamment travaillé sur l’accueil des joueurs Australiens, qui s’entraînaient à Yves-du-Manoir. A la suite du Mondial, j’ai été contacté par l’ASM.

A cette période, la communication sportive, notamment dans le rugby, en était encore à ses balbutiements ?

Nous en étions encore vraiment au début. Il y a quasi 20 ans maintenant, notre principal vecteur de communication, c'était la presse. Ensuite, ça a basculé sur les sites internet, puis les réseaux sociaux ont pris la main là-dessus. Aujourd'hui, les clubs développent des réseaux sociaux, qui viennent en complément de ce que peut faire la presse à côté.

Lorsque vous débarquez en Auvergne, comment cela se passe ?

Lorsque j’arrive en 2007, le club est en pleine bourre. Pour ma part, j’avais des attaches familiales à Clermont, donc je connaissais bien le club, et bien Jean-Marc Lhermet aussi. J’étais hyper heureux parce que Montpellier, c'est quand même un environnement populaire qui est très faible, peu de fans, peu de supporters, l'engouement populaire est assez bas... je savais qu'en arrivant à Clermont c'était complètement l'inverse ! 

Quelques temps après votre arrivée, il y a enfin ce titre de champion, décroché en 2010…

Oui, ce titre qui venait après trois finales perdues en 2007, 2008, 2009.  C’était vraiment la consécration de quelque chose d’historique pour le club, pour la région, pour tous les gens qui aiment ce club. Les regards, les projecteurs ont commencé à changer sur Clermont. Je crois que tous les gens qui aiment le rugby étaient contents quelque part que Clermont ait gagné ce titre. Même moi qui étais de Toulouse, j'avais des copains de la région qui me disaient franchement, on est content que ce club ait enfin gagné quelque chose, qu'il ait enfin la notoriété qu'il mérite.

Un match Toulouse-Clermont pour vous, cela reste forcément particulier ? 

Oui, c’est vrai. De moins en moins cependant parce que je connais de moins en moins de monde à Toulouse (rires)…mais ce que je dis souvent à ma femme, je ne suis jamais déçu de perdre contre Toulouse. Je suis très heureux de gagner contre Toulouse, mais je préfère perdre contre Toulouse que contre n'importe quelle autre équipe.

Ces dernières années, votre métier a beaucoup évolué. Qu’est ce qui vous plaît dans cette mission ?

C’est le rapport de confiance qu'on établit entre un peu tout le monde, entre les staffs, les joueurs, moi et aussi la direction, les supporters. Quand on me demande de décrire mon métier, je dis souvent qu’on est entre le marteau et l'enclume. On est entre les supporters qui veulent tout connaître du club, et d’un autre côté des joueurs, le staff ou le coach qui parfois ne veulent rien donner ou peu se livrer. Nous sommes toujours en discussion avec les uns et les autres pour essayer de donner un maximum d'informations pour contenter les supporters, sans évidemment en donner trop, qui pourraient être exploitées par les équipes adverses. 

Avec les réseaux sociaux, cela implique aussi d'avoir l'œil 7 jours sur 7 maintenant ? 

Oui, bien sûr, après je ne suis pas tout seul, nous sommes quatre dans mon équipe. Sur les réseaux, on regarde ce qui est dit et en fait, c'est l'amplification de ce qui est dit qui peut nous alerter. Si c'est faux, on sait comment agir.

Cela fera bientôt 20 ans que vous êtes à l’ASM…On voit que le rugby en France bat aujourd’hui des records de notoriété...comment vous projetez vous ?

je n'aime pas trop me projeter. Mais ce que j'espère, c'est que le rugby va continuer de bénéficier d'une image positive. L’engouement populaire qui existe aujourd'hui, je ne suis pas très inquiet pour qu’il perdure. Il faut continuer à avancer, de continuer à avoir la confiance de nos supporters comme des partenaires. 

Il y a six ans, vous avez été victime d’un grave accident cardiaque. L’an dernier, vous postiez sur les réseaux un message poignant, une lettre ouverte aux personnels soignants du CHU de Clermont. Pourquoi pour vous c’était important, pourquoi cette initiative à ce moment-là ?

Déjà, pour rebondir à ce que je vous disais tout à l’heure, c’est aussi pour cela que, aujourd’hui, je n’aime pas me projeter trop loin. Quand tu es dans une situation où tu as un bonheur, ou un malheur, il faut le vivre sur le moment présent. 
Il m’est arrivé quelque chose de très particulier il y a six ans, avec plusieurs arrêts cardiaques à la suite. Sur 24 heures, on m'a réanimé plusieurs fois. Aujourd’hui, c'est toujours l'occasion pour moi de rappeler l'importance de l’unité de soins intensifs cardiologie du CHU de Clermont qui m'a sauvé. C’était un moment difficile, particulier. Tous celles et ceux qui sont passés par là ont leur vie qui a changé. J’étais en pleine forme, j'allais bien et, du jour au lendemain, tout peut basculer. Je sais ce que je leur dois. Il n'y a que le service public qui peut faire ça. Je sais que j'aurais été n'importe où ailleurs qu’à l’hôpital, je serais mort. Ce sont des gens qui sont très peu mis en avant, leur métier est parfois bousculé, ils vivent des choses difficiles toute l'année et ils sont assez peu mis en avant.

Vous gardez régulièrement contact avec eux ?

Oui, j'ai un très bon contact avec mon cardiologue que je vois régulièrement pour les examens, mais aussi parfois en dehors. Et avec l’équipe de l’hôpital, j’essaye de garder le contact, je repasse les voir de temps en temps. C'est important pour moi de garder un lien avec eux chaque année.

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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