Un nouvel autel pour les paroissiens de la cathédrale de Strasbourg

Il y a encore quelques semaines, une table en bois aux pieds pliants faisait office d'autel dans la chapelle Saint-Laurent, réservée au culte des fidèles de la paroisse du quartier de la cathédrale à Strasbourg. A sa place trône désormais un autel en grès jaune conçu par l'architecte en chef des Monuments historiques et réalisé par les tailleurs de pierre de l'Œuvre Notre-Dame. 

Pourquoi maintenant ?

60 ans après la publication de la Constitution de Sacrosanctum Concilium qui a introduit (au n° 128, ndlr) la possibilité d'une révision du mobilier liturgique dans le cadre de la réforme liturgique du Concile Vatican II, comment se fait-il que cette chapelle campée sur le côté nord de la cathédrale de Strasbourg se soit contentée d'une simple table en bois, devant l'ancien maître autel datant du XVIIIe siècle ? Et ce, alors même que les célébrations se succèdent selon le rite de Paul VI qui implique de pouvoir faire le tour de l'autel ? Le Code de Droit canon stipule en effet que l’autel soit de pierre et précise que la table de l’autel fixe et la pierre sacrée doivent être "une seule pierre naturelle, entière et non friable". 

"Ce n'était pas une priorité, répond sobrement l'archiprêtre de la cathédrale, le père Didier Muntzinger. A l'occasion de l'année sainte 2025 et de l'anniversaire de la Nef (750 ans), il m'a paru important de donner à cette chapelle un mobilier liturgique qui correspond aux règles architecturales et aussi aux règles liturgiques." 

Plus d'harmonie avec l'ensemble de la cathédrale

Le projet se chiffre à 95 000 €, financé par la Fabrique de la cathédrale grâce aux dons. La pierre choisie pour y sculpter le futur meuble hautement symbolique pour les catholiques consiste en un bloc de grès jaune, cette pierre sableuse que l'on trouve en grande quantité en Alsace, particulièrement sur les hauteurs des massifs vosgiens. "A l'intérieur, quand le bloc a été découpé, il y avait des nervures de fer, ce qui a compliqué la sculpture" relate l'archiprêtre à propos de la pierre issue de la carrière de Bitburg, en Allemagne. 

Aux difficultés techniques s'ajoute une attention particulière à l'harmonie entre ce nouveau mobilier liturgique et la chapelle. "C'est un joyau qui a fait l'objet d'une étude de tout ce qui était présent : les nervures, les voûtes, tous les détails qu'on trouve dans cette chapelle pour donner un autel qui corresponde à cet écrin." En plus de l'autel, l'ambon, l'endroit d'où est proclamée la Parole de Dieu ainsi que les sièges des célébrants ont été refaits.

Imaginé par Pierre Dufour, l’architecte en chef de la cathédrale, le motif de l'ensemble "reprend certaines formes du gothique" de la voûte qui donne l'illusion du bois alors qu'il s'agit bel et bien de grès.