Entre une publicité pour le parasol qui ne s’envole pas, et celle pour offrir à votre animal de compagnie une carte vitale, entre un appel à prier pour le Sri Lanka et la photo d’un tag écrit par des débiles et appelant des policiers à se suicider, je tombe, sur le fil de ma page Facebook, sur l’interview donnés par Mgr Aupetit le lendemain de l’incendie de Notre-Dame, au micro de RMC.
Dans le tohu-bohu de l’histoire, en pleine querelle des anciens et des modernes sur la reconstruction de la cathédrale, il est bon de réentendre cette vérité première : ce bâtiment n’a d’autre raison d’être que de servir d’écrin au corps du Christ. Corps eucharistique dans le Pain de Vie. Corps manifesté par le Peuple de Dieu qui rassemble ceux qu’il nourrit de la Parole et de la Présence de Jésus. Corps mystique en ce qu’il unit symboliquement l’Église de la terre à celle du Ciel. Toute église-bâtiment trouve sa raison d’être dans cette fonction d’écrin.
Les bâtisseurs des siècles passés n’ont pas œuvré pour édifier une salle de spectacle ou un centre culturel. Ils ont exprimé leur foi. Au cœur d’un monde secoué comme le nôtre par des guerres et des massacres, et tenté de se perdre dans une forme de volupté et d’inconsistance, les tours de Notre-Dame rappellent la gravité de la vie en manifestant sa beauté immense, en dévoilant le projet du Créateur sur sa création.
C’est bien pour cela que tout homme y est le bienvenu et peut s’y sentir un peu chez lui : qu’il soit ou non croyant, il y est le bienvenu et doit pouvoir y goûter quelque chose de sacré.
C’est bien pour cela que la destruction d’une église, accidentelle comme cela semble être le cas à Notre-Dame, ou criminelle comme on le constate avec effarement un peu partout dans le monde y compris en France, n’est jamais un fait divers. Elle est une blessure profonde à cette présence immanente du divin dans le profane.
L’émotion provoquée par l’incendie de Notre-Dame n’est pas d’abord le signe, quoiqu’en en disent quelques esprits étriqués, de la douleur de voir un monument du patrimoine endommagé. Elle est la trace, souvent diffuse et complexe à exprimer, de l’inquiétude de voir disparaître le dernier signe fort dans nos villes repues d’argent et de plaisirs - mais aussi hantées par les violences et les frustrations - d’une promesse faite à notre humanité qu’elle est aimée de Dieu. Et, en cette fête de Pâques, il n’est pas inutile de le rappeler, que cet Amour est prêt à tout pour nous sauver.
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