Tacite en bulles : quand l’historien romain est raconté en bande dessinée
Une première adaptation directe des textes de Tacite voit le jour. Avec un scénario signé et traduit par Édouard Michel, la Vie d’Agricola se déploie en images, entre fresque historique et roman graphique. Un projet qui séduira autant les jeunes lecteurs que les enseignants et les passionnés d’histoire.
©Juste LipsLes récits du grand écrivain romain ont souvent nourri l’imaginaire de la BD historique, des « Aigles de Rome » à « Murena ». Mais jusqu’ici, son texte, n’avait jamais fait l’objet d’une transposition directe. Son style poétique et allusif semblait même incompatible avec la bande dessinée, parfois perçue comme un médium trop populaire pour accueillir une telle prose.
Pourtant, l’univers de Tacite n’est pas dépourvu de supports visuels : monuments encore debout, fresques de Pompéi, monnaies antiques chargées de symboles. Sa prose elle-même, foisonnante de descriptions et de scènes dramatiques, offre un véritable matériau pour la mise en cases : batailles, dialogues politiques, scènes de cour ou portraits familiaux.
La vie d’Agricola en récit dessiné
Cette œuvre de Tacite, la Vie d’Agricola, se prête tout particulièrement à l’exercice. On y suit l’ascension d’un jeune Romain qui, après une brillante carrière militaire en Bretagne, atteint les sommets du pouvoir… avant de susciter la jalousie de l’empereur Domitien, qui le rappelle à Rome et l’écarte de toute fonction. Un roman d’apprentissage antique qui se termine en drame politique.
Graphiquement, l’album joue sur plusieurs registres : tableaux familiaux inspirés des bas-reliefs, planches didactiques retraçant l’histoire et la géographie de la Bretagne antique, scènes de bataille au fil des campagnes militaires. Mais le récit ramène toujours à Rome, dans les palais où s’élabore la véritable intrigue, au rythme des rumeurs et des complots.
Tacite, de l’université aux sacs à dos des lycéens
Avec cette adaptation, Tacite quitte les marges des bibliothèques universitaires pour rejoindre les tables des librairies et, bientôt peut-être, on l’espère, les sacs à dos des lycéens. L’historien romain, réputé austère, se découvre un souffle d’aventure qui peut séduire de nouveaux lecteurs. La bande dessinée devient ici un passeur : elle invite les jeunes à rencontrer un auteur fondateur de l’historiographie, mais aussi les enseignants à disposer d’un support inédit pour transmettre l’Antiquité. En offrant ce double visage (divertissant et pédagogique) l’album prouve que la BD peut être un formidable outil pour remettre en circulation des textes qu’on croyait réservés aux spécialistes.


Voyager dans le passé à la découverte des civilisations qui ont marqué notre temps, apprendre à connaître ceux qui nous ont précédés...
"Histoire de comprendre", en partenariat avec l'asbl "Roma
