Source, toujours avec de l'eau ?
Quel joli mot que le mot « source ». Et quelles curieuses premières définitions, comme nous allons le constater. Et que de jolis sens pour ce mot, sans oublier la littérature. Eh bien faisons-là jaillir de nos dictionnaires.
Avec Richelet on bénéficie d’une définition toute simple, sobre et suffisante, au sens propre : "source : ce mot se dit en parlant d’eau, de fontaine, de fleuve et de rivière". Voilà qui est complet. Il poursuit : "C’est l’endroit d’où commencer à sourdre quelque fleuve, fontaine ou rivière". Et on comprend là indirectement que le mot "source" vient du verbe "sourdre". On y reviendra. Puis vient un bel exemple : "La rivière de la Séne [qu’il écrit é n e] prend sa soucre au haut du Bourg de Saint Séne en Bourgogne".
Avec Furetière, en 1690, le premier sens qu’il donne n’est pas directement lié à l’eau : "Lieu où quelque chose procède, ou la cause se produit". "Quand on veut guérir un mal, précise-t-il, il faut aller à la source, à sa cause". Certes. Et le voilà nous gratifiant de médecine : "Les humeurs corrompues, déréglées, extravasées, sont les sources des maladies. Le sang est le principe, la source de la vie". Un peu d’eau pure nous ferait du bien, Monsieur Furetière ! La voici : "Source, se dit plus particulièrement des liqueurs qui coulent ou sortent de la terre". Cette définition nous fait sourire aujourd’hui, parce que la liqueur fait penser à l’alcool, alors qu’à l’époque "liqueur" signifie principalement "liquide".
Mais décidément, Furetière a décidé de ne pas être un poète pour le mot "source". Le voici très vite ajoutant que "Dans les Îles de l’Archipel, il y a des sources d’huile, de pétreol [ancienne forme du mot pétrole], de bitume". Rien de poétique. Et mêm pour « les eaux minérales », le voilà précisant « Les eaux minérales sont des sources alumineuses, vitriolées, etc. » Abandonnons Furetière.
Avec, en 1830 par exemple, Lamartine et ces vers tirés des Harmonies poétiques et religieuses : « Source limpide et murmurante, Qui de la fente du rocher, Jaillit en nappe transparente » Ou encore Mme de Sévigné : « Vous êtes intarissable, et vos lettres viennent de source, on le voit bien ». Poésie et aussi humour, celui des verbicrucistes : « Source : Tête de lit ». De lit de rivière bien sûr… Ça coule de source, non ?
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