Rue Tiranty : Groupe SOS plaide pour une prise en charge durable des personnes dépendantes à NIce
L’arrêté municipal interdisant l’accès à la rue Tiranty à toute personne non autorisée entre 8 h et 20 h a pris fin hier soir, mardi 22 juillet. Instauré le 16 juillet par Christian Estrosi pour " salubrité " et "trouble à l’ordre public", il aura duré une semaine. Stéphanie Bellone, directrice territoriale du Groupe SOS Solidarités 06, revient sur cette décision et alerte sur la nécessité de réponses médico-sociales durables.
Rue Tiranty fermer et surveille du 16 au 22 juillet - RCFDepuis le 16 juillet, la rue Tiranty, en plein cœur de Nice, n’est accessible qu’aux ayants-droit, clients de commerces ou patients de cabinets médicaux, entre 8h et 20h. Une mesure exceptionnelle, prise pour des raisons de salubrité et de troubles à l’ordre public, selon la mairie. Christian Estrosi s’est félicité d’avoir « restauré le calme sans générer de verbalisations ni de tensions avec les riverains », tout en appelant l’État à prendre le relais pour garantir la tranquillité sur le long terme.
Mais sur le terrain, la réalité est plus nuancée. Pour les professionnels de santé, éducateurs et médiateurs qui accompagnent les personnes en situation d’addiction, cet arrêté n’est qu’un pansement temporaire sur une blessure plus profonde, comme le dit Stéphanie Bellone, directrice territoriale du Groupe SOS Solidarités 06 association qui vient en aide au personnes dépendantes et qui à répondu à nos questions.
- Pourquoi refusez‑vous le terme « toxicomanes » pour parler de ces personnes ?
Le mot "toxicomanes " est, selon nous, réducteur et déshumanisant . Ces individus ont une histoire, des souffrances et se heurtent à une maladie reconnue. On parle plutôt de "personnes qui rencontrent des difficultés face aux produits", qui méritent un accompagnement médico‑social et sanitaire et non d’être réduites à un vocable stigmatisant.
- Quelles conséquences concrètes a ce choix de vocabulaire ?
En nommant "les toxicomanes", on enferme ces personnes dans une étiquette et on justifie des politiques répressives qui ne règlent rien : on déplace simplement le problème. L’essentiel demeure de réunir tous les opérateurs—mairie, ARS, associations—pour proposer un accompagnement global et adapté.
Répression vs accompagnement
- La récente mesure de fermeture de la rue Tiranty est‑elle efficace ?
Cela ne peut pas être la seule réponse. Une addiction, ce n’est pas une question d’ordre public uniquement, c’est une problématique de santé, de précarité, de rupture familiale, d’exclusion. Il faut une prise en charge globale, médico-sociale, et une vraie coordination entre les acteurs : associations, hôpital, ARS, ville, etc.
- Comment le service médiation intervient‑il aujourd’hui ?
Dès qu’on signale la présence de seringues ou de déchets, l’équipe mobilise un médiateur pour ramasser, informer et orienter vers les structures de soins. Ces personnes sont enlisées dans leurs problématiques , mais elles conservent leur libre arbitre. On ne peut que conseiller et proposer, jamais contraindre.
Vers des réponses médico‑sociales durables
- Qu’en est‑il des structures existantes ?
Sur le département, il n’existe aucune communauté thérapeutique, ces établissements d’une durée d’un an où l’on allie hébergement et prise en charge spécialisée. On dispose certes de cures et d’accueils de jour, mais la durée est souvent un peu courte pour des addictions de longue date. Sans hébergement, ces personnes retourneront à la rue.
- Quel rôle pour le bus sanitaire annoncé par la préfecture ?
Ce bus, piloté par l’équipe mobile santé précarité, permet de réaliser dépistage, distribution de matériel propre et soins de base. C’est un point de relance de la dynamique, mais ce n’est qu’une partie de la réponse . Il faut aussi développer l’hébergement, les places en urgence et repenser la mise en œuvre des haltes soins‑addictions (anciennes salles de consommation).
