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RSA vs. bénévolat obligatoire

RSA vs. bénévolat obligatoire

 - Modifié le 20 juin 2018
Pour François Mandil, plusieurs annonces des derniers jours font planer une menace sur le bénévolat.
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Ce fut tout d’abord Emmanuel Macron qui le 13 juin proposait comme piste de travail d' "accompagner" les bénéficiaires du revenu de solidarité active (RSA) vers un retour à l'emploi, en leur proposant d'effectuer "quelques heures de travail", comprenez du bénévolat.

Ce fut ensuite le 15 juin, le Conseil d'Etat qui a donné raison au Conseil départemental du Haut-Rhin considérant qu'il n'était pas illégal de demander aux allocataires de faire du bénévolat, au risque de se voir priver du RSA.

D’abord, il y a la question sociale. Les allocataires du RSA ne demandent pas mieux que de faire quelques heures de travail, et même plus. Ils sont justement en train d’en chercher ! Sauf que là, on leur fait du chantage. On leur demande de travailler gratuitement. Des personnes qui n’auront jamais le moindre souci dans la vie disent à d’autres personnes qui, elles, galèrent qu’elles doivent s’acquitter gratuitement de tâches ingrates. Comme le rappelle ATD Quart Monde : « Une fois de plus on stigmatise les pauvres, laissant à penser que ce sont des « assistés » qui « profitent du système », alors qu’une majorité d’entre eux se démène chaque jour. Le RSA n’est pas un choix, c’est le dernier filet de la solidarité nationale. Une solidarité qui n’est pas une charité que l’on accorderait aux plus démunis mais un droit à l’existence pour tous ».

Il y a déjà une contrepartie en échange du RSA, c’est le devoir de chercher du travail. Les allocataires cherchent du travail. Le devoir de l’Etat, c’est de mettre en œuvre des politiques publiques en faveur de l’emploi, pas d’humilier.
 
Il y a également une menace sur le bénévolat. Le bénévolat, c’est volontaire. On ne peut pas être condamné à faire du bénévolat. Des allocataires du RSA qui sont engagés bénévolement, ils sont nombreux. Mais visiblement, la logique de la gratuité, d’agir pour les autres sans demander de retour, de ne pas être toujours dans le marchand, ça échappe à certains.

On note une tendance de plus en plus insidieuse à exiger des jeunes, des pauvres … de s’engager. Des communes proposent aux jeunes de financer leur permis de conduire contre des heures de bénévolat. Si la commune a vraiment des travaux à leur faire faire, qu’elle les embauche ! Qu’elle leur fasse un contrat. Mais qu’elle ne profite pas de leur précarité pour les faire travailler en dehors du code du travail. Si le scoutisme fonctionne, c’est parce que les chefs et cheftaines peuvent dire aux jeunes : « la seule raison pour laquelle je suis ici, c’est pour le plaisir de te voir grandir ». Vous imaginez s’ils disaient « je suis ici pour financer mon permis de conduire, donc tes histoires d’éducation et de progression, c’est pas ma priorité ». Non, le bénévolat ne peut pas être une mesure d’échange. Il ne peut pas être monétisé. Il ne peut pas être imposé.

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