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RCF "Retour à la normale" pour la SNCF ?
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"Retour à la normale" pour la SNCF ?

RCF,  -  Modifié le 5 avril 2018
On a entendu beaucoup d’arguments ces derniers jours autour de la SNCF, un peu dans tous les sens. Vincent de Féligonde nous aide à y voir plus clair.

Après deux jours de grève, le trafic SNCF devrait revenir aujourd’hui « progressivement à la normale », selon la direction. Hier, le taux global de gréviste était en légère baisse (30% contre 34%), mais les conducteurs, les contrôleurs et les aiguilleurs sont restés très mobilisés. 

- On entend beaucoup que la SNCF va être privatisée. Est-ce vrai ?
Non. Elle va changer de statut. Pour l’instant, c’est un EPIC, un établissement public à caractère industriel et commercial. Le gouvernement veut la transformer en société anonyme. Ce sera une SA à capitaux publics avec des titres incessibles. Elle ne sera donc pas du tout privatisée. Pour autant, rien n’empêchera un futur gouvernement de vendre progressivement des actions de la SNCF, à l’image de ce qui a été fait pour France Télécom, devenu Orange.

- La réforme signe-t-elle la fin du statut des cheminots ?
Oui et non ou plutôt : non et oui. Non, car les cheminots actuels garderont leur statut : garantie de l’emploi à vie, augmentation de salaire automatique, sécurité sociale et retraite plus avantageuse, et gratuité des trains, avec faibles tarifs pour les membres de leur famille. Ils garderont ce statut jusqu’à leur retraite, y compris s’ils passent à une autre entreprise ferroviaire en cas de perte de contrat par la SNCF. C’est ce qu’on appelle le « sac à dos social ». Oui, la réforme signe la fin du statut pour les futurs nouveaux embauchés, à l’image de ce qui s’est passé pour La Poste et France Télécom. D’ici une bonne trentaine d’année, le statut aura complètement disparu.
 
- Le rail français coûte-t-il particulièrement cher ?
Oui. Selon une étude de la Commission européenne de 2012, c’est le deuxième le plus coûteux dans l’Union, derrière la Grèce. Le coût au kilomètre est deux fois plus important que la moyenne européenne. Une situation qui peut s’expliquer à la fois par l’excès de lignes secondaires mais aussi par le manque de flexibilité du statut de cheminot, qui n’incite guère à favoriser l’efficacité opérationnelle.

- La libéralisation sera-t-elle rapide ?
Non. En réalité, elle est déjà effective depuis 2003 pour le transport de marchandise, le fret. Et la SNCF n’est plus le seul opérateur à faire du transport international de voyageur en France depuis 2011.
Le processus de libéralisation se poursuivra en décembre 2019, avec la possibilité pour les régions qui le souhaitent de lancer des appels d’offre pour les lignes TER existantes. Un an plus tard, les TGV des compagnies concurrentes de la SNCF pourraient proposer leur service dans l’hexagone. L’Ile de France viendra dans un deuxième temps, compte tenu de la complexité de son système ferroviaire. L’ouverture à la concurrence s’échelonnera jusqu’à 2039.

- Va-t-on vers la fermeture des petites lignes ?
Non, au moins dans un premier temps. Il est vrai que le rapport remis par Jean Cyril Spinetta pointait le fait que sur un tiers du réseau, il ne passe que treize trains par jour en moyenne, avec moins de trente voyageurs par rame. Mais lors de la présentation de la réforme, pour éviter de se mettre la province à dos, le premier ministre Edouard Philippe a assuré qu’il n’était pas question de supprimer des dessertes. Rien ne garantit, en revanche, que ça ne change pas à l’avenir.
 
- L’ouverture à la concurrence va-t-elle aboutir à diminuer la sécurité du réseau ferré ?
Non. Depuis le début des années 2010, le rail britannique est le plus sûr d’Europe, après un effort d’investissement extrêmement important, devant le rail suisse. Or c’est le plus libéralisé. La France et l’Allemagne sont tout près derrière.

- La grève va-t-elle durer ?
J’ai malheureusement oublié ma boule de cristal. On en reparlera la semaine prochaine.

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