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Renoncement au 49.3 : les réactions en Bretagne

Renoncement au 49.3 : les réactions en Bretagne

Un article rédigé par La rédaction de RCF Bretagne - RCF Côtes d'Armor, le 3 octobre 2025 - Modifié le 3 octobre 2025

Le premier ministre s’est exprimé publiquement, ce vendredi, vers 8h45,  avant d’entamer une nouvelle matinée de discussions avec les formations politiques. « J’ai décidé de renoncer à l’article 49.3 de la Constitution » a-t-il annoncé expliquant qu’il n’est pas possible de passer en force et de contraindre les oppositions. En prenant cette décision, il appelle chaque parlementaire à la responsabilité estimant que « les compromis sont possibles ». Les réactions, en Bretagne, de parlementaires, d’un syndicaliste et d’un politologue.

© RCF Côtes d'Armor© RCF Côtes d'Armor

Murielle Lepvraud, députée (La France insoumise) de la quatrième circonscription des Côtes d’Armor :

« Je trouve ça très bien. C'est vrai que l'année dernière, on avait voté les recettes en hémicycle. Donc, il y avait eu des débats sur le budget des recettes et ensuite Barnier avait utilisé le 49-3. Donc, les débats, ils avaient eu lieu. Là, on verra. Je pense que ça veut dire qu'il a réussi à négocier avec le Rassemblement National surtout. Il faut savoir qu’hier (jeudi) et avant-hier (mercredi), nous avons eu les votes des postes à l'Assemblée et que maintenant on a deux nouvelles vice-présidence du rassemblement national. Donc le tableau a un peu changé et on sait bien que monsieur Lecornu est très enclin à négocier avec le rassemblement national. Donc peut-être qu'il a réussi et qu’il a obtenu ce qu'il veut. On va déjà voir son gouvernement et ensuite on va voir ce qu'il propose au niveau du budget mais je crains que le le report s'incline vers la droite pour obtenir des majorités. »

Eric Bothorel, député (Ensemble pour la République) de la cinquième circonscription des Côtes d’Armor :

« Je pense que c'est plutôt une bonne chose. En l'état actuel de la configuration de l'Assemblée nationale, le fait de renoncer au 49-3, c'est à la fois de l'audace et du courage. Il n’y a pas eu, enfin en tout cas, moi, je je n'ai pas pris part à aucun accord avec le rassemblement national. Je ne crois pas d'ailleurs que le rassemblement national se laisse acheter par la seule promesse de renoncer au 49-3 et j'observe que celui qui l’avait demandé, c'est le Parti socialiste. Donc non non, soyons sérieux. Le gouvernement perdrait une grande partie de sa propre majorité si des accords avaient été trouvés avec le Rassemblement National. Quand je dis accord, c'est des accords contre nature, que le Rassemblement National vote des dispositions demain législative qui correspondent à ses attentes, je ne pourrai pas les en empêcher, mais pas plus qu’on ne pourra les empêcher de voter des motions de censure avec la France Insoumise. Donc, il va falloir arrêter ce jeu un peu puéril. Il faut aller à la rencontre de nos collègues, travailler à rechercher ce compromis. Il va peut-être falloir maintenant que nous sortions de ce cercle infernal et qui fait que rien ne se passe plus jamais à l'Assemblée nationale de manière standard et moi j'y crois bien sûr. En tout cas, je ferai partie de ceux qui œuvreront à faire en sorte que la machine fonctionne. »

Anne Le Hénanff, députée (Horizons et indépendants) de la première circonscription du Morbihan :

« Le 49-3 c'est un point de blocage clairement. Donc là moi je crois que c'est un signe, une main tendue vers l'opposition. Je comprends qu'il (Sébastien Lecornu) est prêt à faire des concessions majeures. Sinon le budget ne pourra pas passer. Je crois que c'est un message qui n'est plus subliminal là de dire "Je vais faire des grosses concessions." Et ça veut dire que moi je vais devoir faire des concessions également. Il y a des points sur lesquels évidemment je serai un petit peu plus crispé si on devait faire marche arrière. Mais oui, je suis prête à faire des concessions. Voter le budget sans passer par le 49.3, ce sera une sacrée avancée, parce que moi je n'ai connu des budgets que par 49-3 depuis que je suis député. Mais ça veut dire que tout le monde va devoir mettre un petit peu son orgueil, ses idées dans la poche et concéder certains points à d'autres groupes qui n'ont pas les mêmes valeurs. »

Pierrick Simon, délégué départemental Force Ouvrière du Morbihan :

« Moi, je suis assez surpris de l'annonce, honnêtement. Je ne vois pas comment il (Sébastien Lecornu) va faire. Il n'a pas de majorité à l’assemblée nationale. Le 49-3, il sert à passer des textes en force. Alors, soit il a des garanties des groupes politiques puisqu'il les a rencontrés à plusieurs reprises et il continue ses consultations, soit il cherche à gagner du temps sous forme de compromis. Mais je ne vois pas comment il va faire pour passer un certain nombre de textes qui sont des marqueurs de la politique mise en place aujourd'hui. Pour mémoire en 2023, la contre réforme des retraites n'a été validée que par l'article 49-3. S'il y avait eu un vote au parlement, probablement qu'elle n'aurait pas été validée. Donc c'est un outil pour le pouvoir politique en place pour passer des textes qui lui semblent des textes majeurs et permettant de mettre en place leur politique. Ou alors la stratégie de Sébastien Lecornu, c'est d'expédier les affaires courantes pour reprendre un peu le vocabulaire à la Constitution et puis, jusqu'en 2027, de ne pas faire d'acte majeur en terme politique et attendre qu’une nouvelle échéance arrive. »

Jean-Luc Richard, maître de conférences en sociologie politique et démographie à l’Université de Rennes 1 :

« Depuis quelques jours, on avait le sentiment qu'il y avait une augmentation des divergences internes dans ce qui était jusqu'à présent le le bloc central. Et peut-être que Sébastien Lecornu veut donner une chance à un rassemblement plus large sans doute temporaire. Je pense que monsieur Lecornu se dit que c'est faisable le temps de la session budgétaire, c'est-à-dire pour arriver à ce qui semble être son objectif : qu’un budget soit voté pour le 31 décembre. Mais la certitude, c'est l'ampleur des concessions qui pouvaient être faites et il préfèrerait que ça soit le Parlement qui décide finalement. Il se rend compte qu’il ne peut pas lui imposer ses choix. Et donc, il pourrait accepter de les endosser sous réserve que le Parlement les ait approuvés et adoptés, voire amandés ussi sans doute. »
 

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