« Refuser l’armée, c’est refuser la guerre » : la parole de deux objecteurs israéliens
Itamar et Soul, deux objecteurs de conscience israéliens, ont refusé de servir dans l’armée. Un choix qui leur a valu la prison, l’incompréhension et parfois l’isolement. En tournée en France avec le Mouvement pour une Alternative Non-violente (MAN), ils témoignent de leur engagement non-violent face à la guerre et au poids social de l’enrôlement obligatoire.
Itamar et Soul, photo : Thomas DeraisEn Israël, le service militaire est un passage obligé. S’y soustraire expose à la prison, mais aussi au jugement de la société. Itamar, 20 ans, l’a vécu : « J’ai été incarcéré une vingtaine de jours. Au début, c’est très dur, parce qu’on te fait sentir que tu trahis la nation. » Pour lui, l’engagement commence par la lucidité : « Accepter de porter les armes, c’est accepter de participer à un système de violence. Je veux sortir de ce cercle. »
Soul, 19 ans, raconte un déclic plus progressif : « J’ai beaucoup discuté avec des amis palestiniens. J’ai compris que je ne pouvais pas en conscience rejoindre une armée qui les oppresse. » Condamné trois fois faute de reconnaissance du statut d’objecteur, il assume un acte éminemment politique : « On dit non pour nous, mais aussi pour montrer qu’une autre voie existe. »
Porter une voix minoritaire, coûte que coûte
Le refus militaire reste marginal en Israël, mais les deux jeunes témoignent d’un soutien croissant. « Beaucoup de gens nous disent en privé qu’ils comprennent, même s’ils n’osent pas le faire eux-mêmes », glisse Soul. À l’inverse, d’autres les accusent de trahison. « On sait que ça dérange, mais on ne changera rien sans bousculer un peu », confie Itamar.
En France, ils constatent un intérêt attentif pour leur démarche. « Les questions sont bienveillantes. Les gens veulent comprendre comment on peut résister sans violence », observe Soul. Pour eux, la solution ne pourra émerger que d’une dynamique collective : « Il faut construire des ponts, rappeler que les sociétés civiles ont le pouvoir d’infléchir les choix politiques. »
La non-violence comme horizon
Ce voyage européen est aussi l’occasion d’expliquer leur vision d’une résistance non violente, souvent méconnue. « La non-violence, ce n’est pas la passivité. C’est choisir de transformer le conflit plutôt que de le nourrir », insiste Itamar. Tous deux espèrent que leur témoignage encouragera d’autres jeunes à questionner l’évidence militaire : « On ne cherche pas des héros, juste des consciences éveillées. La paix n’arrivera pas par hasard. »


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