Quentin Vieira, nager au-delà des limites
Il y a des matins où le réveil sonne tôt, voir trop tôt. Mais il faut lever aux aurores pour performer, continuer de progresser et atteindre ses objectifs. Le début d'une longue journée, des bassins d’eau de 50 mètres, aux bancs de la fac. Une discipline désormais bien ancrée chez Quentin Vieira, pour donner du sens à un quotidien semé d'embûches, d’adaptations et d’envie de tout donner.
Quentin Vieira © RCF LyonSa rencontre avec l'eau a été comme une évidence. Dès son plus jeune âge, alors que sa mère l’emmenait aux bébés nageurs, le jeune Quentin était déjà à l'aise dans un environnement qu'il ne quittera plus. Du bassin de Décines, à celui de Bron, en passant par les bassins olympiques des quatre coins de l'Europe, le décinois de naissance avance, avec détermination et résilience.
Le réveil sonne à 5h10, c'est tôt
Et il en faut ! Car son quotidien n'est pas de tout repos : « On nage tous les jours de la semaine, de 6h25 à 8h15, et on est seul dans notre ligne, ce qui permet vraiment de se concentrer sur notre manière de nager. Le réveil sonne à 5h10, c'est tôt et c'est difficile de se lever, mais il y a une récompense sur la qualité de son entrainement ». Ensuite, sa journée de cours commence à L'UCLy, dans un cursus en science politique, avant de retourner à la piscine le soir.
Une route semée de défis
Un rythme effréné, où le jeune nageur doit sans cesse s'adapter : « J'ai un handicap visuel [...] qui impacte les nerfs optiques de mes deux yeux. Tout le centre de l'œil n'est pas desservi par les nerfs, ce qui fait que le centre de mon œil ne voit absolument rien et le reste à une perte d'acuité. Normalement on voit entre 8 ou 10/10, moi je vois 0.2/10. Je pallie à mon handicap tous les jours, toutes les heures, toutes les minutes. L'extérieur est très anxiogène pour mes yeux, pour mon cerveau et ça me cause énormément de dépense d'énergie. Toute cette énergie-là n'est pas dépensée dans l'entraînement ».
Comme beaucoup de jeunes je n'avais pas conscience du handisport
Scolarisé dans un établissement adapté dans ses années collèges à Villeurbanne, ses enseignants en sport lui parlent de compétitions au plus haut niveaux adapté à son handicap visuel : « Comme beaucoup de jeunes je n'avais pas conscience du handisport [...] Du coup, c'est en 2018 que j'ai fait ma première compétition, en championnat de France jeune ».
Depuis, les bons résultats s'enchaînent : Finaliste des championnats du monde 2023 de 400 mètres nage libre à Manchester, vice-champion de France sénior 100 mètres papillon mixte à Aix-en-Provence en 2025, Quentin Vieira manque de peu la qualification pour les Jeux Paralympiques de Paris, un échec qu'il a réussi à digérer avec le temps : « Je vais mettre tout en œuvre pour aller à Los Angeles (en 2028 pour les Jeux Paralympiques, ndlr), je n'ai pas envie de revivre la frustration de Paris ». Le rendez-vous est pris.


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