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Procréation artificielle: Blanche Streb appelle à un sursaut éthique pour sortir de la fascination technique

RCF,  - Modifié le 23 avril 2018
Blanche Streb, responsable des questions de recherche et de formation chez Alliance Vita, auteure de "bébés sur mesure, le monde des meilleurs" (éd. Artege) est l'invitée de RCF.
ArtegeArtege

Il y a cinq ans était adoptée la loi ouvrant le mariage aux couples de même sexe. Alliance Vita a fait partie de ceux qui se sont mobilisés contre le mariage pour tous. Cinq ans après, on a l’impression que le mariage homosexuel est passé dans les mœurs, et que même chez Alliance Vita, son abolition n’est plus une priorité.
 

"Tous les désirs d'enfant ne sont pas légitimes"

"Ces cinq ans qui viennent de s’écouler révèlent que l’immense mouvement social qui a eu lieu avait raison sur toutes les conséquences. Aujourd’hui, on continue de dire mariage pour tous alors qu’il s’agit du mariage et de l’adoption pour tous. Derrière cette loi, il y a l’enfant, il y a toujours eu l’enfant. Et on voit que la PMA et la GPA progressent par le droit dans notre pays. L’intérêt de l’enfant a toujours été notre préoccupation" explique la responsable des questions de recherche et de formation chez Alliance Vita.

Pour cette dernière, la loi Taubira a ouvert des portes. "On voit aujourd’hui toutes les revendications qui avancent et on entend les promoteurs du mariage pour tous qui disaient que le mouvement social exagérait, aujourd’hui dire que c’est le mariage pour tous qui ouvre de telles conséquences. Ils ont changé de position. Certains reconnaissent même avoir menti du début à la fin pour obtenir ce pourquoi ils se battaient. C’est aussi un anniversaire un peu funeste, avec un déni de démocratie" ajoute-t-elle.

Dans son livre, à l’origine des bébés sur mesure, il y a le désir d’enfant. Pour Blanche Streb, ce dernier a été absolutisé. "C’est un désir extrêmement fort. Tout part du désir d’enfant. Certains couples traversent cette immense souffrance. Et c’est cette souffrance que la médecine a voulu compenser par des méthodes qui peuvent être éthiques. Mais aujourd’hui, n’importe qui peut s’offrir un enfant, en achetant du sperme, des ovocytes sur Internet, voire en louant une mère porteuse à l’étranger. Et le désir a tendance à s’absolutiser. Tous les désirs peuvent être entendus mais tous les désirs ne sont pas légitimes" précise Blanche Streb.
 

"L'eugénisme devient technique, et technologique"

 

Des bébés parfaits, et des bébés à tout prix

Dans son ouvrage, Blanche Streb dénonce une double tyrannie. La tyrannie des bébés parfaits, et la tyrannie des bébés à tout prix. "Ce sont deux voies sans issue. Le bébé parfait, c’est le bébé qu’on va trier avec par exemple le diagnostic préimplantatoire. Le bébé à tout prix, c’est un bébé qu’on va vouloir fabriquer en lui donnant à tout prix un peu de son patrimoine génétique quand bien même on faisait peser sur lui d’immenses risques sur sa santé future" analyse cette membre d’Alliance Vita.

Au fond, Blanche Streb dénonce aujourd’hui "un eugénisme 2.0". "C’est un eugénisme qui devient très technique, très technologique, qui s’instaure insidieusement dans notre pays. La technique nous l’impose de plus en plus. Notre société s’y acclimate dangereusement. Nous sommes encore relativement préservés sur certaines méthodes" rappelle-t-elle, précisant toutefois que les choses progressent très vite, en France notamment. Au cœur de ces débats, il y a évidemment la place donnée à l’embryon. "L’embryon n’a pas besoin d’être réhumanisé parce qu’il l’est pleinement. Ceux qui se battent tellement pour l’avoir nous le prouvent. L’embryon est un être humain. Cela fait consensus" explique Blanche Streb.

Face à cela, Alliance Vita appelle à lutter contre ces lobbys et ces puissances industrielles qui promeuvent de telles dérives. Un combat difficile. "C’est compliqué car le marché s’installe de plus en plus. Les lois ont du mal à suivre les techniques qui s’emballent. On n’arrive plus à prévoir sur ce quoi il faut être prudent. Il appartient à tous et à chacun de se former, de regarder ces sujets, de prendre conscience de ce qui se met en place. Nous pourrions nous sortir de cette fascination de la technique, et de nous émerveiller sur un certain nombre de choses, comme la biodiversité humaine" conclut-elle.

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