Pourquoi et comment laisser les églises ouvertes en journée ?
Savoie et Haute-Savoie comptent plus de 600 églises paroissiales, dont un bon nombre ne sont ouvertes que pour des célébrations ou des temps de prière, d'adoration ou de catéchèse. Alors, quels sont les freins à l'ouverture ? Pourquoi les spécialistes du patrimoine et de l'art sacré militent pour des lieux de cultes largement accessibles ? Et comment faire, concrètement ? Eclairages.
Clés d'église ©Pixabay"Je me posais des questions spirituelles depuis longtemps. Et puis un jour, en rentrant dans un église, j'ai été bouleversée. J'ai ressenti quelque chose de très puissant. Et j'ai cherché comment répondre à cet appel". raconte Sonnya, baptisée à l'âge adulte en 2025 à Saint-Julien-en-Genevois. "Je suis estomaquée par les mots que laissent les visiteurs dans le carnet de mon église, à Arêches-Beaufort. Ils racontent qu'ils se sentent bien dans cet endroit. Il y a énormément de remerciements. Merci d'avoir laissé ouvert, merci pour ce lieu chaleureux, joli et propre " témoigne Martine Viallet-Détraz, responsable de l'art sacré pour l'Eglise catholique de Savoie".
Laisser une église ouverte, cela peut changer des vies
"Pourquoi faut-il laisser un lieu de culte ouvert ? Tout simplement parce que le cœur et les bras de Jésus sont ouverts à tous. L'Eglise et les églises en sont l'image. Laisser une église accessible, c'est proposer un espace ouvert à tous, pour la transcendance. Et offrir la possibilité d'une rencontre avec le Christ. Et parfois, certains y ressentent quelque chose d'exceptionnel. Et cela peut changer des vies !" résume Claudie Blanc-Eberhart, déléguée de la Pastorale du Tourisme et des Loisirs, en Savoie.
Cela nous donne de la joie, de rendre l'église accessible
Premier frein à l'ouverture des lieux de culte, en dehors de toute célébration, prière ou visite : les moyens humains ! Ce sont des bénévoles de la communauté qui ouvrent et ferment la porte de l'église, matin et soir. Michel Robillot, ancien délégué du diocèse d'Annecy pour le patrimoine mobilier, ouvre et ferme l'église de Balmont tous les jours, avec son épouse : "C'est un service rendu à la fois aux paroissiens et à tous ceux qui passent. Cela nous donne de la joie, de rendre cette église accessible. Et nous en profitons pour prendre un petit temps de prière !".
Là où il y a de l'or, il y a toujours eu des voleurs
Autre question clé : la sécurité. Comment garantir l'intégrité de l'édifice, de ses objets et œuvres, si personne n'est présent pour accueillir les visiteurs et assurer une surveillance ? "Là où il y a de l'or, il y a toujours eu des voleurs ! Et vu que notre société ne baigne plus dans la culture chrétienne, les personnes malintentionnées ont moins de réserves. Dans les 320 clochers paroissiaux du diocèse d'Annecy, on a recensé 25 vols, 25 dégradations et 2 calices renversés, entre 2000 et 2025. Bien sûr que cela nous émeut ! Mais finalement, n'est-ce pas un pourcentage infime, par rapport aux milliers de visiteurs qui pénètrent dans une église ?" interroge Jacques Herrgott, membre de la commission d'art sacré du diocèse d'Annecy et architecte de la dernière église consacrée en Haute-Savoie. "Peu après les jeux olympiques d'Albertville, la Savoie a fait l'amère expérience de voir des églises baroques pillées. Le territoire en avait fait la promotion, c'était la mode du baroque. Et nous avions laissé les églises ouvertes, avec candeur. Depuis, nous avons appris comment protéger les œuvres et objets. Nous avons énormément sensibilisé les communautés. Le dernier vol date d'il y à 25 ans" raconte Martine Viallet-Détraz.
Que les communautés se retroussent les manches pour faire vivre la maison de Dieu !
"Pour moi, une église fermée reste un scandale, un signe de désespérance ! Il faut que les communautés se retroussent les manches pour faire vivre la maison de Dieu ! Utilisez vos églises pour prier, organisez des visites, relayez-vous pour y assurer une présence humaine. Et quand vous n'y êtes pas, signifiez que c'est une maison qui vit : un peu de musique qui se met en route quand on entre, une lumière qui s'allume, les fleurs, le coin prière soigné, la présence de bougies... Tout ce qui montre que la maison de Dieu est vivante incitera les visiteurs à préserver le lieu " assume Jacques Herrgott.
Enjeux patrimoniaux, financiers et pastoraux des coins prière : les Pastorales du Tourisme et les Commissions d'art sacré peuvent aider les communautés à réfléchir
"L'ouverture des églises et l'installation d'un coin dédié à la prière, c'est un sujet à la croisée de différents enjeux. Il y a là un patrimoine à préserver et valoriser. Il y a le rapport avec les communes, qui s'investissent bien, chez nous, pour rénover les églises. Il y a les enjeux financiers pour la paroisse : les charges du chauffage et de l'électricité et en face les offrandes laissées par les visiteurs. Et puis il y a l'enjeu pastoral. Y a t-il un accueil par la présence d'un paroissien ? Y a t-il un livret de prière ou des documents sur la foi, pour les personnes en quête de sens ? A t-on aménagé un coin propice à la prière, avec des bougies ? Autant de questions pour les communautés chrétiennes. Les Pastorales du Tourisme et les Commissions d'art sacré sont disponibles pour les aider à réfléchir !" soulignent Claudie Blanc-Eberhart, Martine Viallet-Détraz et Michel Robillot.


Chaque week-end, après avoir passé en revue l'actualité chrétienne de la semaine en pays de Savoie, Vanessa Sansone ouvre le débat en donnant la parole aux chrétiens qui s'engagent près de chez vous. Un temps pour s'informer, réfléchir, approfondir et échanger.
Diffusions en FM et DAB+ : samedi à 9h03 et dimanche à 17h.
