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​Pour sortir des débats publics radicalisés

RCF,  - Modifié le 3 juin 2019
Des débats récents, de genres très différents, ont donné lieu à des échanges radicalisés et brutaux.
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Je pense, d’un côté, à la campagne électorale des dernières élections européennes et, de l’autre, aux jugements à l’emporte-pièce qui ont opposé les partisans de différentes options morales concernant la vie ou la mort d’une personne en situation de grand handicap. D’un côté un débat, par essence public, sur les options politiques diverses de la recherche du bien commun. De l’autre une situation tragique qui doit, par excellence, être accompagnée dans l’intimité de la vie des personnes impliquées.

Les options ultimes qui sont posées devant une personne et ses proches ne devraient pas devenir l’enjeu de combats politiques et moraux. Peut-on déterminer les options fondamentales d’une société face au handicap en faisant d’un drame vécu un cas publiquement discuté ? N’est-ce pas oublier le respect que l’on doit aux personnes vivantes ? Peut-on mettre en débat la question de savoir si toute vie mérite d’être vécue en présence de ceux qui souffrent et sur leur dos ? La question est cruciale pour l’avenir d’une société et mérite d’être régulièrement débattue, puisqu’elle met en scène deux dimensions de la dignité de l’être humain dans sa fragilité. Dignité qui fait que la mort apparaît parfois comme une délivrance ; mais dignité incompatible avec l’eugénisme et la quête de l’humanité parfaite, qui a pris pour nouveau nom le transhumanisme.

Peut-on présenter les options qui se présentent dans les différents pays européens face aux conséquences de la montée des nationalismes autrement que comme un combat contre des forces obscures ? Peut-on entendre, et au besoin critiquer, ce qui se vit et se pense en Europe centrale sans le diaboliser, mais comme faisant partie de la construction d’une Europe aux racines culturelles et aux histoires diverses ?  Certes, les peurs sont mauvaises conseillères, mais elles expriment l’envers d’aspirations ignorées. Aplatir le débat européen permet des victoires électorales dans un pays, en enfermant le corps électoral dans une alternative simple, mais ces victoires sont sans lendemain si elles ne permettent pas de rencontrer ensuite les aspirations portées par les députés venus d’autres pays.

La brutalité des analyses n’est pas un argument honnête. En morale comme en politique, c’est même un outil destructeur. La brutalité des analyses amalgame des foules et elle durcit des passions, mais elle ne construit pas un peuple, ni un art de raisonner en femmes et hommes libres. Le jugement moral, comme l’action politique, demandent tout autre chose que la rhétorique de la violence et du parti-pris. "La seule querelle qui vaille est la querelle de l’homme" : en suivant cet adage, on peut trouver un chemin qui, sans médiocrité, aiguise la réflexion et engage à l’action. Si la seule querelle qui vaille est la querelle de l’homme, nous avons tous besoin de tous pour chercher des solutions humaines aux questions que la vie nous pose, que l’histoire nous présente.

Comment apprendre à créer et à respecter les conditions de l’échange éthique et de la discussion politique ? Comment favoriser l’esprit critique, le discernement et la prise de décision ? Une éthique de l’action politique et du discernement moral pourrait, me semble-t-il s’appuyer sur un double principe pour guider les pensées et construire un monde plus humain : "L’humanité est unité, fais-la grandir – L’autre est précieux, rencontre-le !"

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