Philippe Givron incarne la figure moderne de l’honnête homme, tel que la désignait le XVIIe siècle : cultivé, sensible, engagé. À la croisée de la science, de la pensée, de l’art et du militantisme, ce Bruxellois à la curiosité insatiable poursuit un idéal humaniste dans tous les domaines qu’il explore. Entretien avec un homme pour qui la quête du vrai, du beau et du bon donne tout son sens à l’existence.
Né et élevé à Bruxelles dans une famille nombreuse et aisée, Philippe Givron se décrit comme un enfant heureux. Quatrième d’une fratrie de cinq, il garde un doux souvenir d’une enfance entourée d’amour, de jeux et d’une abondance propice à la découverte. Deux passions émergent très tôt dans sa vie : la musique et le plaisir d’apprendre.
À sept ans, il commence à jouer de la musique. Mais c’est à douze ans, à l’occasion de sa communion, qu’il reçoit deux disques de musique classique. Un déclic. Depuis, l’écoute et la pratique musicale ne l’ont jamais quitté. En parallèle, il se passionne pour toutes les matières à l’école, trouvant dans chacune d’elles un terrain de jeu intellectuel. Curiosité et plaisir d’apprendre deviennent son moteur.
Adolescent, Philippe Givron étudie dans une école jésuite, une expérience marquante qui influence durablement sa manière de penser. « Ce que j’aimais chez les Jésuites, c’était leur ouverture d’esprit et leur sens de la nuance », dit-il. Les débats étaient encouragés, les sujets multiples, l’intellect sans cesse stimulé.
Issu d’une famille d’ingénieurs, il suit une voie scientifique à l’Université catholique de Louvain (UCL), avant de se spécialiser en physique. « J’ai choisi la discipline la plus abstraite car j’aimais ce qui est conceptuel », explique-t-il. Brillant élève, il attribue son succès scolaire non à un effort surhumain, mais à sa soif de comprendre. Celle-ci le conduira bien plus tard à reprendre des études de philosophie, une discipline qui l’attire depuis sa jeunesse, nourrie notamment par la lecture de Michel Foucault et de Friedrich Nietzsche.
Étudier la philosophie était un rêve. J’admire ces aventuriers de l’esprit que sont les philosophes.
Parallèlement à son parcours professionnel, Philippe Givron s’engage chez Amnesty International. Depuis plus de 35 ans, il milite pour la défense des droits humains. Pendant longtemps, ses obligations professionnelles limitent sa disponibilité. Il participe alors aux réunions mensuelles. Mais lorsqu’il met fin à sa carrière, il intensifie son engagement.
Depuis une dizaine d’années, il est coordinateur pour la Chine. Un rôle exigeant : il fait le lien entre les groupes locaux d’Amnesty et les équipes internationales, relayant les enquêtes et les rapports afin d’alerter l’opinion publique. « L’actualité est particulièrement sombre pour les droits civiques et politiques en Chine, un pays où Amnesty est loin d’être le bienvenu », explique-t-il.
Pour Amnesty, le travail consiste notamment à écrire des lettres pour exiger la libération de prisonniers d’opinion. Mais Amnesty ne se limite plus à ce seul combat. L’organisation enquête également sur les violations des droits humains dans d’autres régions du monde, comme à Gaza, et agit en faveur des minorités, de l’environnement et contre la peine de mort. « Toutes ces luttes sont liées, elles convergent vers une même exigence : la défense de la dignité humaine. »
Tous ces soutiens, même symboliques, sont cruciaux pour les prisonniers et militants visés par des régimes autoritaires.
On leur doit au moins ce soutien moral, qu’ils sachent qu’ils ne sont pas seuls
Lorsqu’on lui demande en quoi il croit, Philippe Givron répond en philosophe. « Je crois au vrai, au bon et au beau. Ce sont des choses reliées, qui s’engendrent mutuellement. Elles sont constitutives de notre humanité. » Une vision classique, presque platonicienne, mais terriblement actuelle dans un monde en perte de repères. À ses yeux, c’est dans la réalisation concrète de ces valeurs que réside le sens de la vie.
Philippe Givron incarne cette cohérence entre pensée, engagement et sensibilité. Il rappelle, à sa manière, qu’un esprit curieux et libre peut encore faire le lien entre science, art, philosophie… et action.
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