Pascal Picq: seuls les transhumanistes proposent une vision du futur
Changer l’homme et se rassurer
La jeunesse de 1968 voulait plus de libertés, dans une démarche souvent utopique. La jeunesse de 2018, elle, s’inquiète pour son avenir. Pour Pascal Picq, cela est révélateur de deux aspects de notre société actuelle : d’une part, le paléoanthropologue s’inquiète du déficit de grands projets, et d’autre part de l’amplification de craintes qui entretient des théories anxiogènes (flux migratoires, remplacement professionnel des humains par les robots, perte de démocratie). « Il n’y a que les transhumanistes, avec une grande diversité, qui proposent une vision du futur. Et là, je trouve que les jeunes ne sont pas assez mobilisés sur ces questions ».
Pascal Picq, un paléoanthropologue évolutionniste
« La question de l’évolution des espèces humaines, des populations humaines et des sociétés évidemment est au cœur de la préhistoire ». Le développement des nouvelles technologies et le transhumanisme suscitent chez Pascal Picq un intérêt tout particulier : « je ne regarde pas l’évolution qui s’est faite, je regarde l’évolution en train de se faire » affirme-t-il.
Les réseaux numériques, évolution particulière à l’échelle de l’humanité
Il est important pour Pascal Picq de rappeler que nous savons désormais que tous les êtres humains ont une origine commune, située sur le continent africain. Les hommes ont toujours été mobiles, et ils ont toujours échangé. Cependant, la grande nouveauté de ces dernières décennies réside dans le fait de pouvoir connaître ce qui se passe à l’autre bout du monde de façon instantanée. Cette évolution va de pair avec une nouvelle bipolarisation, que le paléoanthropologue juge dangereuse pour la société : « aujourd’hui, quel que soit le pays, vous avez des gens qui sont en dedans et d’autres en dehors [des réseaux numériques, ndlr]». Cette fracture entre une population connectée et le reste est, pour Pascal Picq, à l’origine de toutes les tensions dans le monde actuel.
Les inspirations et éléments d’adaptation pour l’avenir viendront du transhumanisme
D’un point de vue philosophique, Pascal Picq rappelle que l’humanisme à la Renaissance était lié à l’accès à de nouvelles connaissances et à l’émergence des sciences et des techniques. Pour le paléoanthropologue, nous vivons aujourd’hui le même processus : « ce n’est pas la première fois que l’on vit cela : il y a cinq siècles on appelait cela l’humanisme, et aujourd’hui on appelle cela le transhumanisme ». Pascal Picq souligne qu’il y a bien DES transhumanismes : si certains ont un modèle libertarien, d’autres sont plus impliqués dans des formes d’éthique, de redistribution des richesses, etc. Il conclut donc la chose suivante : « Que l’on accepte ou pas leurs propositions, c’est bien des tranhumanistes que viendront des inspirations et des éléments d’adaptation pour le monde à venir ».
RCF vit grâce à vos dons
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !