Pascal Lafont, l’ambition et l’insertion pour le Langeadois
C’est une figure incontournable de l’économie sociale et solidaire en Haute-Loire. Depuis plus de 20 ans, Pascal Lafont dirige et façonne les Ateliers de la Bruyère, dans le Langeadois. Rencontre avec un homme humble, profondément attaché à son territoire.
Pascal Lafont est le directeur des Ateliers de la Bruyère. ©RCF Haute-LoirePour ce portrait, Pascal Lafont nous reçoit presque chez lui, aux Ateliers de la Bruyère. La poignée de main franche, il sait rapidement mettre à l’aise son interlocuteur. Très vite, son empathie est palpable. Pourtant, « parler de lui, ce n’est pas toujours simple », explique sa femme, Delphine. Entré par hasard au sein de cette structure d’insertion, il a occupé tous les postes, participé à tous les projets et dirige aujourd’hui 150 salariés, dont 15 permanents. Rien n’était pour lui une évidence. Né sur les hauteurs du Puy-en-Velay, ses parents déménagent lorsqu’il a 8 ans dans le Langeadois. Dès lors, ce territoire, il ne le quittera presque plus. Revenu à Langeac pour suivre son épouse, peu après ses études à Angers, Pascal Lafont a arrêté son cursus de psychologie, mais il a en poche un BTS Aménagement paysager pour faire, « un vrai métier, comme disait mon père ».
Sa rencontre avec les Ateliers de la Bruyère ? « Un hasard » total, presque le fil conducteur de sa vie, « faite de rencontres surtout ». Hasard, pas tout à fait, car depuis tout jeune, Pascal Lafont cultive une curiosité à toute épreuve, sa plus grande qualité. À l’aise quand il s’agit d’engager la conversation, il réussit à se démarquer lors de son entretien avec la structure d’insertion. « Un coup de cœur » pour Bruno Dépalle, le président des Ateliers au moment de son arrivée. Pourtant, Pascal Lafont sort pessimiste de l’entretien, au point de manquer de déchirer l’enveloppe contenant la réponse. Finalement, il commence « un 2 mai », seul, pour encadrer des personnes en insertion sans vraiment savoir ce que ça veut dire.
Très vite, il adhère au projet, ne compte pas ses heures, se dépasse et se découvre. « J’étais quand même un gros fainéant à 17-18 ans », se remémore-t-il. Tout le contraire aujourd’hui. Difficile pour lui d’expliquer ce changement. C’est peut-être lié à son histoire personnelle : « Mes parents sont morts lorsque j’étais jeune, ils étaient très attachés au territoire, si ça se trouve, je me rattache un peu comme ça. » Doté d’une fibre sociale, ancrée en lui, il met un point d’honneur à aider les autres. « Si un jour je suis en difficulté, j’aimerais qu’on m’aide, donc c’est normal pour moi. »
Fils d’un agent SNCF, « l’entrepreneuriat, ce n’était pas dans ma nature du tout ». Et pourtant, Pascal Lafont a plein d’idées pour développer les Ateliers. Il aime même prendre des risques. « C’est plus facile, surtout quand on n’a pas à hypothéquer sa maison. » Si la porte est fermée, pas grave, il entre par la fenêtre. Au fil des ans, il développe de façon exponentielle la structure, tente des paris audacieux, comme reprendre la dernière usine de lavage de laine de France, basée à Saugues, et l’intégrer aux Ateliers de la Bruyère. Sa chance ? Les responsabilités sont venues, mais « tout doucement ». Elles sont désormais parfaitement assumées.
Peu adepte du « je », Pascal Lafont préfère mettre en avant les bénévoles et son équipe, autres chevilles ouvrières de l’association. Depuis quelques années, il arrive à prendre plus de temps pour lui. Pourtant, quand on lui demande quelle est sa passion, sa réponse, du tac au tac : « le boulot ». Il pratique quand même le handball, le vélo, lui l’ancien très bon kayakiste. Pascal Lafont retouche parfois à la pagaie, surtout en famille. Papa de trois enfants, il arrive à sanctuariser des moments pour eux, même s’ils sont grands.
L’avenir ? Développer encore et toujours les Ateliers, mais en restant ancré sur le territoire. De toute façon, Pascal Lafont a trop d’idées en tête pour ne pas continuer d’expérimenter, de tester, de développer. Avant tout dans l’intérêt de ce territoire, qu’il chérit tant.
