Pas d'aides aux entreprises stratégiques pour Luxfer
Depuis le début de l'épidémie de Covid 19, les Luxfers demandent la nationalisation de leur usine de Gerzat, fermé il y a un an et demi. Pour soutenir cet objectif, le groupe Socialistes et apparentés à l'Assemblée Nationale avait déposé un amendement dans le nouvelle loi de finances rectificative votée cette semaine.
Un amendement pour nationaliser Luxfer
Cet amendement visait à ouvrir 40 millions d’euros de crédits afin de permettre à l’État de nationaliser les sociétés Luxfer et Famar. Un amendement défendu par Christine Pirès-Beaune, députée socialiste du Puy-de-Dôme à l'Assemblé le vendredi 17 avril.
« Si nous souhaitons retrouver une indépendance sanitaire, il convient de saisir toutes les occasions qui se présentent », a d'abord précisé l'élue auvergnate. « Luxfer produit des bouteilles à d’oxygène. 60 % d’entre elles étaient à usage médical et à 30 % pour les sapeurs-pompiers ».
Christine Pirès Beaune, députée socialiste explique pourquoi elle défend cet amendement
Des arguments qui n'ont pas convaincu Agnès Panier-Runacher, Secrétaire d'état à l'économie : « Il faut que la reprise ait du sens sur le plan industriel. Or il s’agit d’une entreprise fermée depuis un certain temps, dont les salariés ont été largement reclassés ».
DES DOUTES SUR L’INTÉRÊT STRATÉGIQUE DE LUXFER
Christine Pirès-Beaune a alors apporté une correction : « une quarantaine des 136 salariés ont en effet été reclassés, sont partis en retraite ou en préretraite, mais la centaine d'autres est disponible. Ils ont même travaillé à un plan de redémarrage de l’usine ».
Agnès Panier-Runacher a alors ajouté : « On dénombre 200 000 bouteilles d’oxygène en circulation. Et nous disposons d’un fournisseur au Royaume-Uni ». Et la ministre de conclure : « Luxfer ne figure pas sur la liste. Cela n’empêche pas d’examiner un projet de reprise, mais c’est une autre démarche ».
Valérie Raubault, députée socialiste, renvoie alors la secrétaire d'Etat dans les cordes. « disposer sur le continent européen d’un fabricant au Royaume-Uni, au moment du Brexit. Autant préserver la capacité de production de notre pays ».
Réaction de Christine Pirès Beaune au lendemain des débats à l'Assemblée
L'amendement n°36 visant à nationaliser Luxfer ne sera finalement pas adopté. Restait alors une dernière chance mercredi 22 avril avec le vote du projet de loi de finances rectificative au Sénat.
Pas plus de succès au Sénat
L'amendement était cette fois défendu par Jean-Claude Tissot, sénateur Socialistes et Républicain de la Loire pour qui « L'épidémie du Covid-19 impose des décisions de bon sens économique ».
Agnès Panier Runacher prend alors la parole pour répondre. « Votre amendement est un amendement d'appel. Luxfer n'est plus en fonctionnement : la question est de trouver un projet industriel solide. Nous y travaillons ».
Le sénateur Pascal Savoldelli prend la parole. « Pour Luxfer, il faut poursuivre le travail pour trouver un repreneur. Je retire l'amendement, en retenant vos engagements ».
Là encore l'amendement a finalement été retiré du projet de loi de finances rectificative. Un nouveau coup dur pour les salariés de Luxfer, dont une centaine est encore au chômage.
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