Papillon

Ce matin, j’ai choisi le mot "papillon", tout simplement parce quelle que soit l’actualité, débats, élection, catastrophes diverses, on est toujours dans ce qui est lourd. On en oublierait presque que nous sommes au printemps et que c’est la renaissance de la nature. Et avec elle le retour du vol léger des papillons dans les prés. C’est donc ce mot, si léger que j’ai choisi.
 

C’EST VRAI QU’EN FIN DE SEMAINE, ON PEUT AVOIR ENVIE D’ALLER DANS LES PRÉS ET QUE LE PAPILLON, C’EST L’IMAGE D’UNE BELLE JOURNÉE AU SOLEIL.

En effet, Stéphanie, point de papillon voletant sous la pluie. C’est forcément une image de légèreté. Les auteurs très sérieux du Trésor de la langue française rédigé par le CNRS le disent bien lorsqu’ils offrent une définition du papillon : "Insecte lépidoptère pourvu d’ailes colorées à écailles fines et poudreuses". Ces ailes poudreuses sont une des raisons du fait qu’on peut ne pas hésiter à prendre un scarabée avec ses doigts, sans craindre de le blesser, alors que comme le signaler Renné Huygue en 1955 dans Dialogues avec le visible, il évoque "la poudre colorée que le papillon laisse au doigt quand on le touche".

Cette fragilité est repérée aussi par les poètes. Voici Jose Maria de Heredia dans les Trophées, en 1893 les décrivant en nombre : "Vers la gaze de feu que trament les rayons Vole le frêle essaim de riches papillons Qu’enivrent la lumière et le parfum des sèves". Quant aux adjectifs aujourd’hui proposés, ils sont éloquents : Papillon de jour, de nuit, crépusculaire, bariolé, bigarré, diapré, ocellé, pourpré, par exemple et en 1571 pour ce mot qui vient tout droit du latin "papilio" avec le même sens, voilà ce que proposait Maurice De La Porte, "papillon volant, gai, léger, tremblotant, mignard, allègre, voletant, diapré", mais hélas le dernier adjectif rompt le charme de la liste, le voici aussi évoquant le "papillon sot…" Là c’est rappeler qu’on associe aussi le papillon au fait d’être inconstant.  D’où des expressions y faisant référence…
 

QUE VOUS ALLEZ NOUS OFFRIR, JEAN…

Plutôt que "papillon sot", je dirai papillon "léger" dans tous les sens du terme. Il y avait autrefois un proverbe allant en ce sens : "On dit souligne Furetière en 1690, qu’un homme court après les papillons, quand il s’amuse à des bagatelles". Eh bien c’est mieux qu’avoir "les papillons noirs", ce qui se disait quand on était triste. Et tout sauf les papillons sur les pare-brise : enfin Monsieur l’Agent, c’est le printemps, faites s’envoler ce papillon de papier, s’il vous plaît. Restons léger, léger… Laissez-nous papillonner !