"Nos voitures se prennent pour la grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf"

Depuis quelques années, nos voitures se prennent pour la grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf. Elles sont hautes sur roues, ont une calandre proéminente et des inox rutilants.
Nos antiques Renault Clio et Twingo, Peugeot 207 et autre Citroen C3 font figure de Petit poucet sur nos routes, en comparaison avec ces gros bahuts. Vous pourrez y prêter attention en sortant du studio.
Cela a un nom : SUV.
 
SUV pour Sport Utility Vehicle, véhicule utilitaire à caractère sportif. C’est un mélange entre une berline classique, un monospace et un 4X4. En quelques années, les SUV ont envahi nos rues. Partout dans le monde. Ils représentent plus d’un tiers des ventes en Europe, 4 voitures sur 10 en Chine et près d’une sur deux aux Etats-Unis. On compte désormais sur les doigts de la main les constructeurs qui n'en disposent pas dans leur gamme. Et certains d'entre eux arrêtent la production de modèle berline au profit de la version SUV. Chez Renault, ces modèles s’appellent Captur ou Kadjar ; chez Peugeot 2008, 3008 ou 5008 ; chez Dacia, Duster. Les constructeurs haut de gamme s’y sont mis : le Cayenne de Porsche fait un malheur. Rolls Royce va bientôt sortir le sien. Et même Ferrari, la quintescence de la voiture de sport.

Avec le SUV, les constructeurs se frottent les mains parce que ces voitures « qui en jettent », comme on dit, se vendent 15 à 25% plus cher que les modèles de même catégorie. Or elles sont construites sur les mêmes plateformes et ont les mêmes moteurs. Résultat, elles rapportent beaucoup plus, alors qu’elles ne coûtent quasiment pas plus cher à produire : une poule aux œufs d’or.
Ce qui fait qu’un groupe comme Peugeot, qui était à l’agonie il y a moins de cinq ans, est désormais l’un des constructeurs les plus profitables au monde, devant les constructeurs haut de gamme allemands, s’est vanté mardi son président Carlos Tavares. Près d’une Peugeot vendue sur deux est un SUV.
 
Les SUV sont beaucoup plus lourds que les berlines classiques et moins aérodynamiques. Ils consomment beaucoup plus de carburant et sont plus polluants. Ce qui rend plus difficile pour les constructeurs d'atteindre les objectifs de rejet de CO2 imposés par l'Union européenne afin de lutter contre le réchauffement climatique, sous peine de fortes amendes.
 
Ils développent des modèles hybride ou tout électrique, ce qui leur permet d'afficher une baisse de la consommation moyenne, et donc de la pollution, de leur gamme. Les SUV se prêtent à la motorisation électrique car leur taille permet de faire tenir pas trop difficilement les batteries qui stockent l’énergie.
Mais ce type de modèle, c’est plus cher à produire. Même si les constructeurs assurent que l’augmentation des volumes de vente et les évolutions technologiques permettront d'abaisser les coûts de production, l’équation ne sera pas facile à résoudre.