A moins d’un an des élections municipales, seulement 37 % des maires de petites communes se disent prêts à se représenter. Charges administratives, isolement, manque de reconnaissance : Marc Lapallus, le président de l’Association des maires ruraux de la Loire (AMR 42) explique cette vague de désengagement.
“On fait tout, il faut tout faire”. Ces quelques mots suffisent à Marc Lapallus pour résumer son quotidien de maire. À 71 ans, il est le président de l’Association des maires ruraux de la Loire (AMR 42), mais aussi, le maire de Cuinzier, un village de 700 habitants près de Roanne. “À part la secrétaire qui est notre couteau suisse, on n'a pas de police municipale, pas de directeur ou de chef de projet…”, énumère-t-il.
Quand 70 % des édiles des communes de plus de 9 000 habitants se déclarent prêts à se représenter, c’est seulement 37 % pour celles de moins de 500 habitants, selon une étude du Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof). Parmi les raisons de ce désengagement, Marc Lapallus évoque le vieillissement. “La moitié des maires frisent les 70 ans et ont déjà minimum trois mandats.”
En milieu rural, les chefs de village se sentent isolés. “À des moments, on se dit 'qu’est-ce qu’on fait là ?'”, confie le maire de Cuinzier. Malgré l’aide des intercommunalités, “c'est plus compliqué pour faire avancer les dossiers, il faut mettre la main à la poche”. Dans l’étude du Cevipof, les charges administratives, le manque de ressources financières et l'exigence trop importantes des citoyens sont les principaux motifs d’abandon.
Cette exigence plus forte de la part des habitants se traduit aussi par l’augmentation des incivilités à l’encontre des maires : 61 % des maires interrogés ont été victimes d’incivilités depuis 2020. “Vous avez des personnes, des petits noyaux qui, des fois, vous découragent”, raconte Marc Lapallus. Il se rappelle de paroles désagréables après le refus d’un permis de construire, par exemple.
Lundi dernier, les députés ont voté la mise en place du scrutin paritaire pour les communes de moins de 1 000 habitants. Jusque-là, ce mode de scrutin était réservé aux plus grosses communes. Avec ce changement, le gouvernement espère améliorer la représentation des femmes dans les conseils municipaux.
Mais en pratique, “certains ont peur que ça décourage nos concitoyens d'aller voter”, confie le président de l’AMR 42. Le faible nombre d’habitants pourrait compliquer la constitution de liste. “Un maire m'a dit, 'moi, j'ai beaucoup de femmes dans mon conseil', donc il va peut-être avoir des difficultés supplémentaires à trouver des hommes”, rapporte–t-il. En France, plus de la moitié des communes ont moins de 1 000 habitants et sont donc concernées par ce nouveau mode de scrutin paritaire.
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