Mort d'un "mendiant": le père Pedro Meca s'est éteint
"Ce mardi 17 février, le frère Pedro-Maria MECA ZUAZÙ, du couvent de Saint-Jacques à Paris, fils de la province de Toulouse, s’est endormi dans la paix du Seigneur. Il était né le 1er juin 1935 à Pampelune (Espagne), avait fait profession dans l’ordre des Prêcheurs le 28 octobre 1957 et avait reçu l’ordination presbytérale le 1er juillet 1962". C'est par ces mots que les dominicains de la province de France annoncent sur leur site internet la disparition de celui qui avait voué sa vie aux personnes de la rue.
Un mendiant parmi les pauvres
Sur la page de la province dominicaine de Toulouse, dont il faisait partie, est évoqué "notre frère Pedro Meca, compagnon de la nuit pour ceux qui n'avaient rien. Un mendiant parmi les pauvres". Car pour Pedro Meca, il fallait à tout pris sortir de la logique du don parce que "la main qui donne est toujours au-dessus de la main qui reçoit, on est dans une dynamique de pouvoir dans le don". C'est ce qu'expliquait le frère Pedro en 2004, au cours d'une interview à la cité Saint-Pierre à Lourdes, lors du pèlerinage dominicain du rosaire, auquel il participait tous les ans avec des "gars de la rue".
Ecouter l'intégralité du reportage sur la cité Saint-Pierre, réalisé en 2005, à l'occasion du cinquantième anniversaire de ce lieu créé par le Secours Catholique pour que les plus modestes puissent aller en pèlerinage à Lourdes.
Une vie qu'il n'avait pas imaginée
Pedro Meca était basque de nationalité espagnole, il vivait en France depuis 1952. Il était entré chez les Dominicains à 21 ans. "L’imprévu détermine souvent le cours d’une vie" écrivait-il dans un témoignage sur le site internet des dominicains de France. Il y racontait comment, sans y avoir jamais pensé, il était devenu travailleur social, suite à la demande d'un frère: "tout a commencé par la demande du frère André Lendger, avec qui j’avais vécu pendant mes études. Un jour, il m’a proposé de travailler avec lui dans une discothèque, "Le Cloître", dont il était directeur et l’abbé Pierre propriétaire. C’était un lieu fréquenté par des vendeurs et des consommateurs de drogue (dans les années 1970 elle faisait des ravages). Par amitié pour ce frère, j’ai dit oui. Dans ce lieu de rencontres régulières, comme barman, je pouvais écouter les personnes qui avaient besoin de parler, de se dire. Je pense avoir davantage « confessé » derrière ce comptoir que dans un confessionnal".
"La Moquette", lieu de vie pour les gens de la rue à Paris
Après la discothèque, de 77 à 84, c'est le travail dans la rue de 84 à 92, puis la création de la Moquette en 92. Ce lieu, il l'a créé pour mieux partager la vie des gens de la rue: des sans-abri y viennent la nuit, assistent à des conférences, jouent aux cartes, parlent ou s’assoupissent dans un fauteuil. Ils y rencontrent des "ADF", avec domicile fixe... parce qu'il n'y a pas de raison que seuls les pauvres aient le droit à un sigle !
En 2001, il répondait aux questions de RCF dans le cadre d'un reportage sur la moquette.
En 2005, Pedro Meca avait pris sa retraite, continuant d'aller à la rencontre des sans-abris dans la rue.
Ses obsèques seront célébrées le samedi 21 février 2015 à 10h au couvent saint-Jacques 20 rue des Tanneries, 75013 Paris.
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