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Migrants: pour Guillaume Le Blanc, l'exclusion n'est pas une fatalité

Migrants: pour Guillaume Le Blanc, l'exclusion n'est pas une fatalité

 - Modifié le 29 mai 2018
Focus sur la question migratoire et sur les phénomènes d'accueil et d'exclusion avec ​Guillaume Le Blanc, philosophe, professeur, coauteur de "La fin de l’hospitalité" (éd.Flammarion).
Philippe Matsas FlammarionPhilippe Matsas Flammarion

La semaine dernière, le ministre de l’Intérieur a annoncé que les campements de migrants parisiens allaient bientôt être démantelés. "C’est la énième pratique de destruction des quelques lieux d’accueil dont les capacités sont d’ailleurs insuffisantes. Le problème, c’est que nous sommes dans une politique de la destruction, alors qu’il faudrait être dans la politique de la construction. Cela fait 30 ans que l’on démantèle. On a commencé en 1999 avec Sangatte. Il faut créer des dispositifs d’accueil durables, ce qui ne signifie pas que la population qui y séjourne a vocation à y rester" explique Guillaume Le Blanc.
 

"La société entretient la peur sur le dos de l'autre"

Lundi 28 mai, un migrant malien va être reçu à l’Elysée par le président de la République, pour avoir sauvé un enfant ce week-end, au péril de sa vie. Ce sans-papier devrait être régularisé. "Nous aurons fait un grand progrès dans l’humanité lorsque nous aurons régularisé des personnes qui n’auront pas à risquer leur vie pour sauver d’autres personnes. On ne fait pas une politique du cas par cas en repêchant d’autres personnes pour leurs actes. On essaie de mettre en avant des critères d’admission. Évidemment, on ne peut pas accueillir tout le monde, mais il faut un cadre d’accueil au niveau européen. Et sur le plan national, nous ne faisons pas ce qu’il faut faire" ajoute Guillaume Le Blanc.

Dans son dernier texte, publié chez Flammarion, le philosophe établit une liste de propositions. Ce week-end ont eu lieu des manifestations qui ont prouvé que les Français sont généreux et accueillants. "Il y a un partage, une fracture sociale, spatiale, culturelle, entre une société qui accueille et une société qui veut se renfermer et qui croit que les frontières régleront tous leurs problèmes. Les peurs sont très utiles, la peur est une émotion qui nous permet de nous prémunir d’un danger. Mais la peur fonctionne en boucle, et devient peur de la peur. C’est quand nous commençons à avoir peur de la peur, que tout est possible. Et ce que je dis c’est que nous sommes dans une société qui globalement entretient cette peur sur le dos de l’autre" lance Guillaume Le Blanc.
 

"L'exclu peut être inclus"

Pour ne plus avoir peur, Guillaume Le Blanc préconise de "regarder, de discuter avec l’autre, avec des étrangers. On commence à mettre de côté les discours idéologiques qui nous éloignent des uns des autres. On essaie de comprendre le phénomène migratoire. Il y a une rationalité de la migration. On ne migre pas par plaisir pour envahir un pays. On migre car les conditions dans notre pays sont insupportables".

Dans son dernier ouvrage, le philosophe lance un appel : oublier mai 68 et penser à mai 2018. "J’adore mai 68, mais il faut imaginer mai 2018 plutôt que de regarder, de commémorer. Il faut anticiper, voir l’avenir, et préparer cet avenir. Nous ne sommes pas assujetis à la répétition d’un ordre dans lequel nous serions en permanence voués et qui voudrait que l’exclusion est une fatalité. L’exclu peut être inclus" conclut-il.

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