Mgr Le Saux, Noël 2025 : "Qui est pour nous cet enfant dans la crèche ?"

Nous avons vécu une profondeur bienfaisante 

RCF : Pour le diocèse d'Annecy, l'Avent a démarré avec la journée diocésaine du Jubilé de l'espérance à Rochexpo, le 29 novembre. 5000 catholiques y ont participé. Qu'en gardez-vous ? 

Mgr Yves Le Saux : Je retiens la joie d'une présence des chrétiens en nombre significatif. Les différents âges, d'origines géographiques et sensibilités du diocèse étaient représentés : c'est heureux ! J'ai par ailleurs remarqué une profondeur à la fois dans les relations entre les personnes, dans les interventions et dans les temps de silence, d'intériorité. C'est bienfaisant, pour nous tous. La journée a aussi été marquée par la consécration du diocèse au cœur de Jésus et cette démarche a été bien reçue. J'espère que nous la vivrons dans une fécondité qui marquera nos relations, dans l'avenir. 

RCF : Justement, comment vivre de cette consécration, à présent ? S'agit-il de lire régulièrement la prière distribuée ce jour-là ? 

Mgr Yves Le Saux : La prière, ce n'est qu'un aspect des choses ! Cette consécration nous invite à nous mettre à l'école du cœur du Christ. Comment aimer à la manière, à la fois humaine et divine, de Jésus ? Nous pouvons revenir à la spiritualité de François de Sales, qui parle de la cordialité du cœur. Cela nous invite aussi à nous approprier l'encyclique du Pape François sur le sacré cœur (Dilexit Nos, octobre 2024) et la première exhortation du Pape Léon (Dilexit Te, octobre 2025), qui est dans sa continuité. 

La consécration du diocèse n'était pas qu'un instant pieux 

RCF : Comment aimer, individuellement et communautairement, à la manière du Christ... c'est une question à laquelle on n'aura jamais fini de répondre ! 

Mgr Yves Le Saux : Maintenant que le diocèse est consacré, il n'y a justement pas de date de fin ! Pour moi, en tous cas, la consécration n'était pas qu'un instant pieux. C'est une spiritualité propre au diocèse, proposée à tous les catholiques. La fécondité de cette consécration sur le long terme appartient au Seigneur lui-même. Mais en tous cas, je sens qu'il y a une demande. Les jeunes professionnels d'Annecy m'en ont parlé. Plusieurs paroisses commencent à réfléchir à un parcours sur le cœur du Christ... 

La réponse au chaos du monde se trouve paradoxalement dans le chemin de la vulnérabilité 

RCF : Nous voilà maintenant au dernier dimanche de l'Avent. Noël approche dans les prisons, les Ehpad, les familles, les paroisses... Noël qui n'est pas qu'un souvenir, mais une réalité pour nous aujourd'hui !

Mgr Yves Le Saux : C'est même un anniversaire ! La nuit de Noël, nous lirons l'Evangile de Luc, qui nous rappelle le nom de l'empereur, du gouverneur de l'époque. Nous fêtons donc un événement dans l'histoire de l'humanité : dans un lieu, avec des contraintes et un contexte.  Et cet événement nous pose une question : qui est cet enfant, dans la crèche ? Le jour de Noël, nous lirons le prologue de Saint Jean : " le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous". Dieu invisible se rend visible. Et quand je regarde cet enfant de la crèche, je vois un enfant né discrètement, dans une famille qui n'était rien. Dieu n'a pas choisi les puissants, les médiatiques. Et je suis intimement persuadé que la réponse au chaos du monde n'est pas dans la puissance armée ou économique, mais plutôt dans le chemin de la vulnérabilité. La réponse au chaos du monde, qui nous inquiète, est paradoxalement la capacité à nous approcher des plus fragiles de nos frères, puisque c'est le chemin que le Christ prend, au soir de Noël ! 

RCF : Un souhait, pour les catholiques de Haute-Savoie, en cette période de fêtes? 

Mgr Yves Le Saux : Je souhaite un bon Noël à tous les catholiques et plus largement aux habitants de Haute-Savoie, en pensant à ceux qui sont dans l'épreuve. Je souhaite que la paix du Christ nous soit accordée, ainsi qu'à nos familles et à ceux qui nous entourent. Et que nous soyons artisans de paix, dans nos milieux de vie !