France, 2017, 1h33. Avec Laetitia Clément, Rod Paradot. Sortie en salle 11 avril 2018.
Luna est une très jolie jeune fille, tout juste sortie de l'adolescence. Elle habite dans la banlieue de Montpellier et vit avec sa mère, qui se comporte plus comme une grande sœur que comme une mère. Luna est surtout amoureuse de Ruben, qui joue les caïds et les machos avec sa bande de copains. Au cours d'une soirée très alcoolisée, un incident avec un garçon inconnu dégénère. Par jeu, chacun dit un mot, un geste pour rebondir sur celui des copains et les faire rire. Jusqu'au moment où le drame arrive, dont aucun des protagonistes ne perçoit la gravité. Chacun se sépare dans la nuit et oublie ce qui vient de se passer. Mais quelques temps plus tard, ce garçon-là arrive sur le lieu de travail de Luna.
Toute l'action du film se déroule entre la campagne et la ville, dans des zones ni vraiment urbaines, ni vraiment nature, entre deux états, en friche, comme les personnages du film. Luna travaille chez un maraîcher, à l'air libre où elle se sent bien, concentrée enfin sur des gestes professionnels, attentive à ne pas déplaire à son chef. C'est le seul adulte qui, à travers son exigence professionnelle, arrive à la cadrer.
Pour son premier long-métrage, la jeune réalisatrice Elsa Diringer ne se contente pas de faire le portrait d'une jeunesse contemporaine à la dérive. Elle pose la question du bien et du mal à travers l'itinéraire de Luna.
L'actrice qui joue Luna est une belle surprise, une jeune fille trouvée par hasard pour les besoins du film. Elle s'appelle Lætitia Clément, elle est lumineuse et elle rayonne à l'écran. Sur son visage qui garde encore les rondeurs de l'enfance, elle peut faire passer la terreur de celle qui se trouve face à sa victime, l'ombre de la culpabilité et le bonheur de se savoir aimée. Il y a en elle la beauté de l'innocence alors qu'elle est capable de commettre des actes immondes.
Elle donne à son personnage de Luna une énergie débordante qui se cogne à son désir d'être aimée, à son manque de repères. Par amour pour Ruben, elle se retrouve impliquée et responsable d'un crime, au même titre que le reste du groupe. Mais pour entrer dans une autre histoire d'amour, plus vraie, plus adulte, elle va devoir se séparer d'eux et assumer son passé. Se montrer à elle-même, et à ceux qui comptent vraiment, qu'elle vaut mieux que ses actes.
En montrant l'escalade qui banalise la violence, puis la prise de conscience difficile qui permet de s'en libérer, la réalisatrice Elsa Diringer réussit un film prenant et intelligent. La charge dramatique des événements, portée par la belle lumière du film amènent à l'éclosion d'une femme et à sa rédemption.
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