Une conférence sur les liens historiques entre Turin et la Lorraine au XIXe siècle a lieu le samedi 26 avril, dans le Grand salon de l’Hôtel de ville de Metz. Elle est organisée par l’historien Joseph Silesi. Cet événement s’inscrit dans le cadre du festival BellissiMetz.
Le festival BellissiMetz a débuté le 23 avril et dure jusqu’au 27 avril, sur la Place d’Armes mais aussi à d’autres endroits. Pour cette 4e édition, l’invité d’honneur est la ville de Turin. Pour l’occasion, une trentaine de producteurs et d’artisans exposent des spécialités culinaires, des bijoux et des livres. Des concerts, spectacles mais aussi une conférence sur “Turin et la Lorraine : le lien historique de deux territoires d’entre deux à la naissance d’une nation. L’entrevue de Plombières des 20 et 21 juillet 1858”, sont également proposés aux public. Ces liens historiques qui sont étroits sur le plan politique, culturel et social.
Des liens politiques étroits remontent déjà à l’époque du Moyen Age, entre Turin, “parce qu'entre Turin, le Piémont et la Lorraine s'associaient aussi les routes de pèlerinage et puis l'adoration faite aux reliques jusqu'à Liège”, explique Joseph Silesi. Au XIXe siècle, ces liens étroits perdurent et se renforcent avec L’entrevue de Plombières des 20 et 21 juillet 1858. Napoléon III avait plaisir à se rendre à la cité thermale de Plombières, dans les Vosges. C’est ici qu'il va rencontrer, et accueillir pendant deux jours, Camillo Bensi un aristocrate piémontais, comte de Cavour. Cavour est une petite localité à proximité de Turin. A cette époque, l’Italie est un territoire morcelé. Le comte de Cavour a la volonté d’unifier tous les Etats italiens. De son côté, Napoléon III a envie de se rallier à la cause italienne. En 1861, tout le pays est unifié et devient le royaume d’Italie. “Je dis souvent que l’Italie est née en Lorraine car Turin deviendra le siège de la capitale du royaume d’Italie, qui se transférera ensuite à Rome, grâce à cette entrevue de Plombières”, ajoute-t-il.
Entre le XIIIe siècle et jusqu’à 1552, Metz est à la croisée des chemins entre les pays de la Mer Méditerranée et ceux de la Mer du Nord. Cette ville accueille 60 changeurs italiens comme des Lombards, des Piémontais, des Toscans. Ces derniers sont venus faire du commerce, en établissant des agences de change, des comptoirs bancaires, d’après l’historien Joseph Silesi. Des architectures de style italiennes apparaissent alors dans le paysage messin. “Il y a pratiquement 30% d’architecture à Metz qui est de nature italienne”, explique Joseph Silesi.
Cette “aventure architecturale” se poursuit car les frères Spinga vont édifier l’église Saint-Clément, au XVIIe siècle. Giovanni Betto va construire l’église de Carmes, “qui correspond aujourd’hui à l’entrée des musées de la Cour d’Or. Il va bâtir la cathédrale de Saint-Dié, la chartreuse de Bosserville”, ajoute ce dernier. A la veille de la guerre de 1870, des tailleurs de pierre italiens sont présents sur les chantiers de fortifications. Puis, jusqu’à la fin des années 1930, un architecte sicilien va construire le quartier de la Nouvelle-Ville, de Plantière et du Sablon. “Lorsqu’on traverse la place Saint-Louis, ou se promènent sur les hauts de la colline Saint-Croix, on peine à imaginer qu’à l'origine, ce sont des Italiens qui ont contribué à l'édification de cette architecture aussi bien civile que religieuse, comme en est, par exemple, un très bel exemplaire, le magnifique cloître des Récollets, qui est de style gothique très épuré, et qui est un style gothique franciscain”, affirme l’historien. Dans le cadre de BellisiMetz, l’Office de Tourisme organise d’ailleurs des visites à la découverte de l’architecture italienne à Metz.
Si l’italianité se ressent à travers certaines architectures mosellanes, une forte communauté est présente en Lorraine, depuis la fin du XIXe siècle. Vers 1800, en Alsace-Lorraine, 2000 immigrés italiens sont présents. En une décennie, ce chiffre sera multiplié par 2,5, d’après des constats que font Ahmed Boubeker et Piero-Dominique Galloro dans leur livre Histoire des immigrations en Lorraine, publié en 2008. Ce sont des ouvriers et des paysans, venus du Nord de l’Italie, qui s’installent dans notre région. Vers 1900, ils sont 21 000 à immigrer en France. Une deuxième vague migratoire s’est poursuivie durant la période de l’Italie Fasciste, entre les années 1920 et 1940, où cette fois-ci, ce sont des artisans italiens qui sont partis de leurs pays, à cause du contexte politique. Puis, après 1950, ce sont essentiellement des italiens du sud de Naples, de la Sicile, de la Sardaigne et des Pouilles qui arrivent en Lorraine.
Durant 15 minutes, la rédaction rencontre les élus et les acteurs qui renouvellent, embellissent et contribuent à faire de Metz une ville dynamique.
Une émission en partenariat avec la Ville de Metz.
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