Lieu unique en France, la mosquée "Missiri" de Fréjus va être restaurée
Construite par les tirailleurs sénégalais pendant l'entre-deux-guerres, la mosquée dite "Missiri" de Fréjus, inspirée de celle de Djenné, dans l'actuel Mali et inscrite à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques depuis 1987, va bénéficier de travaux de rénovation.
La mosquée est inspirée de celle de Djenné, dans l'actuel Mali. Photo TSQuatre ailes entourent une cour centrale. Des tours et deux massifs, d'où s'échappent des pointes de béton représentant les poutres en bois constituant la structure de la mosquée originale, complètent le décor. Le tout recouvert d'un enduit rouge pour rappeler les couleurs des terres de l'Afrique de l'Ouest. "Toutes ces constructions réalisées pendant l'entre-deux-guerres ont été faites avec les moyens de l'époque", explique Jean Geitner, architecte du patrimoine en charge du projet de rénovation de la mosquée dite "Missiri" de Fréjus.

"Soigner le mal du pays"
Cet édifice, unique en ce genre, a été construit entre 1928 et 1930 sur le camps militaire de Caïs lui même créé en 1917 afin d'accueillir des tirailleurs sénégalais engagés dans la Première Guerre mondiale. A l'issue du conflit, tous les soldats des troupes coloniales ne sont pas rapatriés. Un colonel, Eugène Joseph Lame, a alors l'idée de faire bâtir cette reproduction de la mosquée de Djenné, située dans l'actuel Mali. D'autres éléments de décors : termitières, totems et casemates y sont aussi implantés afin d'aider ces hommes à "se sentir un peu comme chez eux, soigner le mal du pays", relate Pierre Excoffon, directeur du service archéologie et patrimoine de Fréjus.

Casemate restaurée et termitière reconstruite
"Les mortiers ont été faits avec du sable de mer, constitué de sel. Hors le sel est un peu l'ennemi de tous les édifices. Il grignote, corrode. Un acier attaqué gonfle de 1 à 10. Donc il fait éclater les maçonneries", reprend Jean Geitner. Une partie des travaux consiste donc à reconstituer l'armature du bâtiment et reprendre ces maçonneries "en s'attachant à conserver toutes les caractéristiques qui en font la singularité".
Les terrasses du premier étage seront également imperméabilisées. L'une des deux casemates sera aussi restaurée et la termitière, détruite il y a quelques années, reconstruite. Des aires de pique-nique verront le jour. Un cheminement piéton conduira à des panneaux explicatifs qui seront posés là où était établi un square sacré. La fin de ce chantier est prévue début 2027. Son coût est estimé à 1 million 800 euros.
"Nous avons le devoir, depuis la cession du lieu par le ministère de la Défense à la ville de Fréjus en 2019, de conserver ce patrimoine militaire", insiste Martine Pétrus-Benhamou, 1ere adjointe à la mairie, en charge du patrimoine historique et de la culture.

Animistes et non musulmans
Si la mosquée, inscrite à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques depuis 1987, a accueilli des prières comme en attestent des photos, elle était avant tout un lieu symbolique. La majorité des tirailleurs sénégalais étant animistes et non musulmans. La dernière unité africaine à quitté Fréjus en 1964.
