Les frontières sont tombées. A l’écoute d’un des Maires, elles sont plutôt lézardées, observant que le climat haineux qui a accompagné l’hébergement de ces familles s’est, au fil des mois, estompé même si, ici et là, quelques relents nauséabonds demeurent.
Devrais-je parler de réussite â je ne sais â mais incontestablement des familles ont trouvé un tremplin pour sortir non seulement physiquement des bidonvilles mais aussi psychologiquement de ce mépris dans lequel elles étaient enfermées. Il convient de se rappeler que nombre d’entre elles ont vécu parfois 5 ans, voire 7 ans, dans des espaces dont la tolérance est une honte. Comment peut-on rester indifférents à l’égard d’enfants qui survivent dans un cloaque annihilant tout avenir.
A un horizon plus lumineux nous avons travaillé avec les représentants de l’Etat, d’ATD Quart-Monde et le soutien des Fondations Société Générale, Bettencourt-Schueller, Decitre. De très nombreux sympathisants d’Habitat et Humanisme ont soutenu la cause. Des salariés et bénévoles impliqués méritent de notre part un grand respect pour la qualité de leur engagement. L’heure n’est sûrement pas de bouder notre joie de voir que ces enfants, tous scolarisés, s’éveillent à un ‘autrement’ de leur histoire.
Je ne suis pas prêt d’oublier le 23 décembre 2015, date à laquelle des familles Roms entraient dans ces deux villages d’insertion ; nombre d’entre elles n’en revenaient pas d’avoir de l’eau chaude et une douche privative. Ce qui est banal pour nous revêtait un caractère merveilleux. Un des enfants, d’environ 6 ans, me dit alors : c’est mon plus beau Noël ; quel cadeau ! Trois années, ou presque, pour vivre ensemble un changement de regard, via un programme novateur visant la formation, l’insertion professionnelle et l’éducation des enfants. Le défi était de taille ; je crois pouvoir dire qu’il a été conjointement relevé.
Il nous faut poursuivre l’accompagnement pour ne point laisser s’installer des échecs ; ils ne manqueront pas d’arriver comme dans toute vie. Cependant, bien de ces familles fragilisées – et comment pourrait-il en être autrement â peuvent être découragées par ces quolibets dont elles sont trop souvent victimes, quand ce ne sont pas des mots blessants, assassinant l’estime de soi si nécessaire pour se construire et se reconstruire.
Au seuil de cette rentrée ces familles entrent dans des perspectives humanisantes ; leur joie est notre joie. Je tenais à vous la partager ; de tout cœur merci.
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