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L'euro, notre nouvel acier

RCF,  - Modifié le 11 mai 2018
Le 9 mai 1950, Robert Schuman prononce la déclaration qui porte son nom, et imprime le début de la construction européenne. Cette date symbolique marque d’ailleurs la fête de l’Europe.
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On retient notamment cette phrase « Rendre toute guerre entre la France et l’Allemagne non seulement impensable mais matériellement impossible » : elle n’est plus d’actualité et heureusement ! Et pourtant, si la bataille n’est plus la même elle perdure sur le champ des idées et surtout de la volonté politique sur l’avenir commun. Cette phrase de Schuman peut en effet se transposer à la gestion de la monnaie commune. L’euro est notre acier contemporain. Dans les années d’après-guerre on comprend que la logique soit d’éviter une course à l’armement. En mutualisant la matière première, on rend la guerre impossible en pratique.

C'est bien entendu un raccourci, mais c’est aujourd'hui la monnaie qui lie en partie nos destins. La culture, l’histoire, la géographie nous rendent européens, indiscutablement, que vous soyez à Vienne ou à Madrid. Mais la monnaie a cet impact fédérateur qui rend également votre retraite ou votre salaire dépendant, en partie, du comportement économique de vos associés. Le cœur et la tête en quelque sorte. Nos destins sont liés aussi grâce -ou à cause- de nos économies. 

Emmanuel Macron recevait hier le prix Charlemagne et a fustigé l’attentisme allemand sur les réformes de la zone euro. Une forme d’impatience a pointé mais aussi un appel à la responsabilité collective lorsqu’il s’adresse à la Chancelière. Nous sommes en phase de mer calme, agissons pour éviter de se retrouver à l’eau à la prochaine tempête. Pour cela, il a répété son souhait d’un budget de la zone euro, de conditions qui permettent de réagir vite et fort. Le statu quo n’est pas une option, il faut sortir des dogmes. C’est peut-être la difficulté de l’exercice : convaincre qu’une Union de transfert ne revient pas à payer pour les autres mais à protéger son patrimoine.

Les propositions ne sont pas neuves, mais les résultats économiques plaident plutôt pour la vision allemande… L’acier du 21éme siècle est un rapprochement de nos comportements économiques. Pour le commerce extérieur, la valeur de l’euro, notre capacité à l’avenir à être solidaire avec pourquoi pas, une assurance chômage européenne ou un salaire minimum… Mais si nous avons des déficits, trop lourds, insoutenables, les allemands ont des excédents excessifs, trop déséquilibrés pour leurs partenaires. Ni l’un ni l’autre ne sont bons. A la prochaine crise, cela nous coutera à tous. Il faut donc sortir des dogmes : davantage dépenser du côté allemand et notamment pour ses citoyens en conditions précaires, mieux gérer ses dépenses publiques du côté français. Un pas vers l’autre en quelque sorte…. un beau symbole de rapprochement !
 

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