Les perturbateurs endocriniens influent sur le développement du cancer du sein
Le cancer du sein touche 1 femme sur 8 en France. Si le mode de vie (consommation d’alcool, obésité, sédentarité) ou des facteurs génétiques (5 à 10% des cas), influencent l'apparition de la maladie ; une partie de ces tumeurs hormono-dépendantes, semble se développer sous l’effet des perturbateurs endocriniens. Une étude inédite menée depuis 2018 par la professeure Carole Mathelin et son équipe, l'indique.
© DR / Carole MathelinLes perturbateurs endocriniens se cachent dans certains pesticides, produits ménagers ou cosmétiques. Certains métaux, comme le plomb, l’arsenic, le cuivre ou l'aluminium interviennent aussi dans le métabolisme de nos œstrogènes prévient Carole Mathelin, cheffe de service de chirurgie à l’Institut de cancérologie Strasbourg (Icans). Les PFAS (perfluorés généralement appelés polluants éternels), notamment utilisés dans les revêtements et imperméabilisants font aussi partie des substances chimiques dérégulatrices. Elles peuvent "stimuler les récepteurs des cellules cancéreuses et faire progresser les tumeurs ou les rendre agressives”, explique la spécialiste, dont l'équipe est à l'initiative d'une découverte majeure dans le domaine.
Une première scientifique
Pour la première fois, la sénologue et ses collègue ont établi un lien entre cette maladie et les perturbateurs endocriniens. En octobre 2025, ils ont présenté les résultats préliminaires de l'étude -toujours en cours-, ayant permis d'aboutir à cette avancée. Ils ont ainsi cherché la présence de 578 pesticides, une trentaine de métaux et quatre types de PFAS dans les tumeurs de 931 patientes alsaciennes et mosellanes.
Il n’y a qu’une quarantaine de pesticides qui entrent dans les tumeurs. Ils n’ont pas l’air d'être tous embêtants pour la santé du sein.
Une véritable bonne surprise pour la présidente de la société internationale de chirurgie. En revanche, les examens montrent une dangerosité accrue des PFAS : 96% des malades en comptaient au moins un dans la tumeur ou zone péritumorale.
Le dépistage comme rempart
Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour connaître l'étendue du rôle des perturbateurs endocriniens. En attendant, Carole Mathelin recommande de poursuivre les dépistages avec assiduité. En 2024, en France, la participation au dépistage organisé, destiné aux femmes à partir de 50 ans, était de 44%. Un nombre en baisse et "en deçà des recommandations européennes", note Santé Publique France pour qui l'objectif est fixé à 70%. La région Grand-Est, située quasiment trois point au-dessus de la moyenne nationale, peine elle aussi, à faire adhérer au dispositif. Faites “une mammographie tous les deux ans et ne [l'arrêtez pas] même si le dépistage organisé prend fin à 74 ans", insiste la présidente de l’Académie nationale de chirurgie.


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