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Les Missions Locales de Haute-Loire tirent la sonnette d’alarme : « Moins de moyens, c’est moins d’espoir pour les jeunes »

Les Missions Locales de Haute-Loire tirent la sonnette d’alarme : « Moins de moyens, c’est moins d’espoir pour les jeunes »

Un article rédigé par Stéphane LONGIN - RCF Haute-Loire, le 18 novembre 2025 - Modifié le 18 novembre 2025

Comme partout en France, ce mardi 18 novembre, les trois Missions Locales du département, dont celle du Velay, se mobilisent pour alerter sur les conséquences d’une baisse inédite des financements de l’État prévue dans le projet de loi de finances 2026. Et derrière les chiffres, c’est une question d’avenir qui se pose : quel accompagnement pour les centaines de jeunes qui poussent les portes des Missions Locales chaque année ?

Les missions locales sont mobilisées pour défendre leurs budgets @RCF 2025Les missions locales sont mobilisées pour défendre leurs budgets @RCF 2025

En Haute-Loire, 3 375 jeunes âgés de 16 à 25 ans bénéficient chaque année du soutien des Missions Locales. Souvent sans ressources, sans formation ou isolés en zones rurales, ils trouvent là un guichet unique capable de les écouter, et de les accompagner. Ce réseau s’appuie sur 63 salariés dont 38 conseillers, répartis sur 33 lieux de permanence pour assurer 69 rendez-vous mensuels dans tout le département. Une présence de proximité essentielle sur un territoire vaste et à faible densité, où les transports restent limités. Mais cette organisation, sous la menace d'une réduction de ses financement, pourrait vaciller.

 

Des conséquences immédiates sur le terrain


Les équipes le savent : une baisse de moyens se traduit très vite par des effets concrets. Moins de permanences, c’est moins de lien avec les jeunes les plus éloignés. Moins de postes, c’est plus de délais pour décrocher un rendez-vous. Et moins d’actions, ce sont des forums emploi annulés, des ateliers supprimés, des partenariats réduits et des accompagnements morcelés.

« 108 000 euros en moins, cela représente deux postes et demi qui ne seront pas renouvelés, explique Delphine Charconac, directrice adjointe de la Mission locale du Velay. Concrètement, cela veut dire des permanences rurales supprimées, des jeunes qu’on ne verra plus, et surtout moins d’écoute pour ceux qui ont besoin de nous. »

Pour les professionnels, la crainte est réelle : que la fracture territoriale s’accentue encore. Dans un département rural comme la Haute-Loire, beaucoup de jeunes vivent loin des villes. Restreindre la présence locale, c’est risquer de les couper du seul lieu où ils peuvent formuler un projet et trouver une aide adaptée.

Delphine Chacornac, directrice adjointe de la Mission locale du Velay @RCF 2025

Derrière les chiffres, des visages


À la Mission locale du Velay, les histoires se mêlent et illustrent la diversité des besoins.
Kévin, 22 ans, est suivi depuis ses 19 ans. Lorsqu’il repense à son parcours, il parle d’un appui décisif : « J’ai eu des moments difficiles, mais ils m’ont toujours aidé. J’étais un petit gamin pas ouf. Eux, ils m’ont tiré vers le haut. Sans eux, je ne sais pas ce que je serai devenu. »
Aujourd’hui, il travaille à la Mie Câline à Brives-Charensac et mesure le chemin parcouru : « Ils m’ont poussé à avancer, à croire que j’étais capable. »

J'étais un gamin pas ouf... Eux, ils m'ont tiré vers le haut

Aboubakar, 19 ans, arrivé de Côte d’Ivoire, il a suivi des cours de français avec l’équipe de la Mission locale et vient d’obtenir un emploi dans une fromagerie locale. « Ils m’ont accompagné pour mes papiers, pour le permis, pour trouver des patrons. Aujourd’hui, je travaille, je suis fier. »

Catia, 21 ans, le dit avec émotion : « Sans la Mission locale, je n’aurais pas le permis, pas de voiture, donc pas d’alternance. » Après son bac, elle est allée pousser la porte de la structure installée dans la Citée Négocia au Puy-en-Velay sans savoir quelle voie suivre. Un prêt pour la mobilité via la garantie jeune, des conseils, des contacts : elle a pu commencer une formation. Aujourd’hui, elle continue de se projeter comme éducatrice spécialisée, mais s’inquiète pour les autres jeunes qui pourraient être impacté par la baisse des financements : « Ça me fait de la peine. Ceux qui arriveront n’auront peut-être pas la même chance. »

Plus jeune, Louane, 18 ans, fait partie du dispositif Contrat Engagement Jeune. Elle découvre des métiers et retrouve confiance : « Ici, je peux être moi-même, réfléchir à mon projet. Si la Mission locale n’existait plus, je préfère ne pas y penser. Chez moi, on galère. Ici, au moins, je garde un peu d’espoir. »

 

Kevin a 22 ans et est accompagné depuis ses 19 ansKevin a 22 ans et est accompagné depuis ses 19 ans
Aboubakar est originaire de Côte d'Ivoire et est aujourd'hui salarié dans une fromagerieAboubakar est originaire de Côte d'Ivoire et est aujourd'hui salarié dans une fromagerie
Catia a 21 ans et espère validé ses études d'éducatrice spécialiséeCatia a 21 ans et espère validé ses études d'éducatrice spécialisée
Louna a 18 ans et cherche encore sa voieLouna a 18 ans et cherche encore sa voie

Un pilier du lien social menacé


Ces témoignages rappellent que la Mission locale ne se limite pas à l’emploi. Ses actions s’étendent à la santé, au logement, à la mobilité ou encore à la gestion du budget. Autant de leviers pour redonner à chaque jeune les moyens d’aller de l’avant.
Avec la contraction annoncée des moyens, ces accompagnements transversaux pourraient disparaître, fragilisant encore davantage ceux qui vivent déjà dans la précarité. Les équipes redoutent notamment de ne plus pouvoir assurer un suivi suffisant auprès des jeunes en souffrance psychologique, dont le nombre est en hausse.

« Notre mission, c’est d’écouter, de soutenir et de redonner confiance. Sans moyens suffisants, c’est cette écoute qui se perd », résume Delphine Charconac.

 

Un appel à l’État pour préserver l’avenir des jeunes


Les trois Missions Locales de Haute-Loire — du Velay, du Brivadois et d’Yssingeaux — réaffirment aujourd’hui leur engagement commun pour la jeunesse et l’égalité des chances. Leur message est clair : la baisse des dotations compromet directement le travail de terrain et aggrave les inégalités territoriales.

Leur appel s’adresse aux parlementaires : reconsidérer la décision budgétaire pour préserver l'accompagnement de la jeunesse.

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