L'Église avance dans la lutte contre les abus sexuels
Le pape François a publié jeudi dernier un décret pour renforcer la lutte contre la pédocriminalité dans l’Eglise catholique. « Vos estis Lux Mundi » ,Vous êtes la Lumière du monde, c’est le nom de ce motu proprio qui contient les nouvelles normes juridiques annoncées lors sommet du mois de février sur les abus sexuels commis par des clercs. On en parle avec Mgr Eric de Moulins-Beaufort, l’archevêque de Reims, nouveau président de la conférence des évêques de France.
Tous les diocèses du monde doivent désormais disposer de lieux d’accueil des victimes et de signalement des agressions. Tous les religieux ont dorénavant l’obligation de signaler les abus dont ils ont connaissance. Ces procédures ne sont pas nouvelles, elles fonctionnent déjà en France ?
"Ce n'est pas une nouveauté en France, parce que de fait nous nous sommes équipés de cellules d'écoute qui permettent de recevoir les plaintes et les témoignages facilement, mais le motu proprio il s'applique à l'Église entière, donc à tous les diocèses de tous les pays du monde. Donc certainement pour un certain nombre de lieux ce sera une nouveauté, c'est ce que le rassemblement de février a rendu possible, puisque tous les présidents de conférences épiscopales ont entendu ensemble des témoignages de victimes, ont entendu un certain nombre de réflexions d'autres évêques sur ces sujets, donc je pense que maintenant, toutes les conférences épiscopales sont beaucoup plus à même de mettre en oeuvre cette consigne que le pape donne de manière tout à fait déterminée."
Une exception toutefois… Le secret de la confession demeure lui absolu et inviolable, et n’est pas concerné par les règles de dénonciations du motu proprio. Qu’est ce qui se passe alors quand une personne coupable de pédocriminalité en parle en confession ?
"Ce que dit la personne qui vient se confesser, ce qui se dit à l'intérieur de la séparation des sacrements doit être couvert absolument par le secret de confession parce que la personne elle vient s'adresser à Dieu, le sacrement du pardon n'est pas l'auxilliaire de la justice humaine. Maintenant le prêtre qui entend quelqu'un dire "j'ai commis tel ou tel acte contre des mineurs", il a le devoir d'exhorter la personne à aller se dénoncer elle-même, qu'elle doit parler, que cela doit avoir des conséquences, même si ce seront des conséquences douloureuses pour lui. Mais le prêtre qui a reçu la confession, ce qu'il y a dans la confession, il ne peut pas en parler, il faut maintenir ce secret, c'est très important. "
Mgr Éric de Moulins-Beaufort vous avez été auditionné, mardi 7 mai au Sénat, par la mission d’information sur les infractions sexuelles sur mineurs. Au sujet de la pédocriminalité dans l’église vous avez dit « On ne peut pas considérer que c’est purement marginal. C’est un problème systémique qu’il faut traiter comme tel. Et nous sommes bien décidés à le faire ». On a passé une étape avec ce motu proprio ?
"Je crois que pendant très longtemps on a considéré que c'était des cas marginaux, souvent on voyait les cas un par un et on oubliait un peu le cas d'avant et le cas d'après, donc ce qui faisait que l'on avait pas du tout de vue d'ensemble, même si les chiffres ne sont pas forcément très très élevés en proportion, c'est pas une question de nombre, ils sont trop élevés pour qu'on puisse traiter ces abus simplement comme le fait de quelques branches pourries qu'il y aurait dans un grand arbre magnifique. On est bien obligés de se poser la question plus profondément. D'autant que ce qui est en cause c'est pas simplement le fait que les prêtres aient commis des actes, mais c'est aussi le fait qu'on ne les ait pas vus, ou qu'en les ayant peut être devinés ont en ait rien dit, qu'on ait pas su les traiter, donc c'est en ce sens là qu'il y a tout un comportement global qu'il faut que nous reprenions, et le mutu proprio que vient de publier le Saint-Père est une pierre de ce travail."
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