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Le Siège de Poitiers retrouve ses couleurs après dix-huit mois de restauration

Le Siège de Poitiers retrouve ses couleurs après dix-huit mois de restauration

Un article rédigé par Noémie de Lajudie - RCF Poitou Vienne, le 15 décembre 2025 - Modifié le 15 décembre 2025

Absente des murs du musée Sainte-Croix depuis un an et demi, l’une des œuvres les plus emblématiques du patrimoine poitevin a fait son retour ce lundi 15 décembre. Une renaissance spectaculaire pour ce tableau historique, à la fois œuvre d’art, document topographique et mémoire collective. Une opération délicate que RCF Poitou a suivi.
 

Le siège de Poitiers par l'amiral de Coligny en 1589 , huile sur toile de François Nautré 1619.Le siège de Poitiers par l'amiral de Coligny en 1589 , huile sur toile de François Nautré 1619.

 

 

le tableau emblématique de retour au musée Sainte Croix

C’était un retour très attendu par les équipes du musée Sainte-Croix comme par le public. Dès son arrivée , Le Siège de Poitiers par l’amiral de Coligny, imposante toile du XVIIᵉ siècle peinte par François Nautré ( 2, 19 m de haut sur 3, 95 m de large )a fait l’objet d’un réencadrement sur place avant d'être réinstallée dans une nouvelle salle du musée. La dernière restauration du tableau datait de 1963 et un nouveau lifting était devenu essentiel. « C’était une évidence », explique Camille Belvèze, conservatrice au musée Sainte-Croix. « Les œuvres d’art s’altèrent inévitablement avec le temps »

Sébastien David réajuste le cadre du tableau sous le regard d'Aline Berelowitsch restauratrice picturale

Une œuvre fragilisée par le temps


Au fil des décennies, la toile avait subi de nombreuses altérations. Déformations du support, fragilités au niveau des coutures, lacunes de la couche picturale, cadre peint abîmé : l’état de conservation de l’œuvre appelait une intervention globale. Le vernis, appliqué lors d’une précédente restauration, s’était également fortement oxydé, jaunissant les couleurs et altérant la lisibilité de la composition.

Sur appel d'offre, la restauration a été confiée à des professionnels spécialisés, trois corps de métiers se sont succédés pendant 18 mois : Aline Berelowitsch, restauratrice de la couche picturale, Sébastien David pour le cadre, et un travail conjoint sur le support textile. Le chantier, d’un coût de 18 500 euros, s’est déroulé principalement dans leurs ateliers respectifs en Touraine.


Retrouver le format et l’éclat d’origine


Parmi les découvertes majeures de cette restauration, figure un détail longtemps ignoré : le tableau a été agrandi au cours du temps.  En effet, lors du nettoyage, la restauratrice a identifié une bande de toile d’environ deux centimètres ajoutée sur tout le pourtour, modifiant les dimensions originales de l’œuvre. Plutôt que de supprimer cet ajout ( dont on ignore l'époque), les conservateurs ont fait le choix de le neutraliser visuellement et d’ajouter une baguette au cadre afin de restituer le format d’origine.
Concernant la restauration picturale, «  Il y  avait beaucoup de lacune surs les bords, et énormément d'usures. La peinture était très fine et lors du précèdent nettoyage un peu trop drastique , de la peinture a été enlevée. Nous avons donc passé beaucoup de temps à 2 restauratrices à  5cm de l'œuvre à retoucher les usures à l'aide d'un tout petit pinceau » précise Aline Berelowitsch, spécialiste de la couche picturale. Le nettoyage du vernis s’est révélé particulièrement délicat. Épais et peu réversible, il masquait la palette originale de François Nautré. « Les bleus redeviennent bleus, les verts redeviennent verts », souligne Camille Belèze. « On redécouvre un ciel beaucoup plus clair, des contrastes nets, et une composition lisible dans son ensemble ».

Aline Berelowitsch, a restauré toute la couche picturale du "siège de Poitiers"


Une lecture renouvelée de l’histoire


Au-delà de l’aspect esthétique, la restauration a permis de mieux comprendre l’histoire matérielle de l’œuvre. Les restaurateurs ont notamment mis au jour des trous de semences indiquant que la toile avait autrefois été exposée directement contre un mur, probablement dans un lieu de pouvoir comme l’hôtel de ville ou la salle de l’échevinage, avant son entrée au musée , nous commente Manon Lecaplain, directrice du musée Sainte-Croix depuis 2023.
Le cadre, richement orné d’armoiries, raconte lui aussi une histoire mouvementée : repeint en noir pendant la Révolution française pour masquer les symboles royaux, puis restauré au XIXᵉ siècle, il retrouve aujourd’hui stabilité et lisibilité.


Un tableau profondément ancré dans la mémoire poitevine


Représentation du siège de Poitiers par l’armée protestante en 1569, le tableau est autant apprécié pour sa valeur historique que pour son caractère topographique. Vue ancienne de la ville, il permet aux visiteurs d’identifier monuments encore existants — Notre-Dame-la-Grande, le baptistère Saint-Jean, la cathédrale — et de mesurer l’évolution urbaine au fil des siècles 
.
« C’est une œuvre multifacette : artistique, historique, mais aussi sentimentale », observe Manon Lecaplain. « Beaucoup de Poitevins s’y reconnaissent, cherchent des repères, des lieux familiers. La redécouvrir aujourd’hui, avec une telle clarté, est très émouvant ». Le tableau trône désormais dans une salle destinée à devenir une future gallerie dédiée à l'art et la culture poitevine.

Manon Lecaplain directrice du musée Sainte Croix et Camille Belèze conservatrice du musée , découvrent la restauration achevée du" siège de Poitiers"

Cette restauration marque une étape forte dans la politique de conservation du musée Sainte-Croix, résolument tournée vers la sauvegarde de son patrimoine majeur. Aujourd'hui le musée consacre pratiquement la moitié de son budget à la restauration des pièces maîtresses de ses collections. 


 

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