Le secteur du BTP de Haute-Loire inquiet de la dynamique de la construction et de la rénovation
Depuis hier le dispositif MaPrimeRénov’ est relancé. Le guichet a rouvert après trois mois de fermeture. Ce retour s’inscrit dans un contexte politique compliqué. Le secteur du bâtiment regarde avec inquiétude les mois qui viennent.
Julien Planchon, président de la FFB de Haute-Loire ©Martin ObadiaLes aides à la rénovation énergétique des logements sont relancées. Le dispositif MaPrimeRénov’ avait été suspendu cet été en raison notamment de problèmes de fraudes. Les conditions d’accès sont plus réduites que précédemment. Julien Planchon, président de la FFB de Haute-Loire (Fédération Française du Bâtiment) était ce mercredi l’invité des radios RCF.
Le retour de Ma prime Rénov, une bonne chose… pour ceux qui peuvent en bénéficier
Le guichet de MaPrimeRénov’ vient de rouvrir mais le nombre de dossiers d’ici à fin décembre est limité à 13 000. Pour une rénovation d’ampleur, le dispositif ne concerne que les logements classés E, F et G. Certaines aides sont aussi réduites. Pour Julien Planchon, le retour du dispositif « c'est très bien pour ceux qui sont concernés. Parce que dans le rabotage qu'il y a eu, il y a globalement que les ménages très modestes qui ont droit à MaPrimeRénov’ et en plus dans un nombre de dossiers limités ». Et d’ajouter, « les premiers qui devraient monter au créneau et les gens qui sont pas satisfaits, c'est les citoyens qui n'auront pas droit à MaPrimeRenov’. Nous, entreprises du bâtiment, faisons notre travail, satisfaisons nos clients, faisons des devis et construisons. On est là pour ça ».
Le président de la FFB43 estime que ce dispositif a un effet que limité sur les projets de rénovation. « Si on regarde les chiffres, l'activité d'entretien rénovation en France en général, et ça se confirme en Auvergne-Rhône-Alpes et en Haute-Loire, connait une croissance de 1 à 2% par an depuis des années. Qu'il y ait ou pas MaPrimeRénov’, cette activité, dans le bâtiment, elle est stable ». Il précise que des objectifs ont été fixés il y a quelques années par l’État avec le secteur du bâtiment pour isoler et rénover mais ces chiffres ne sont pas atteints.
Des inquiétudes sur les prochains mois
L’absence de gouvernement et l’instabilité politique inquiète le secteur du bâtiment. Pour l’instant « l’impact immédiat il n’est pas encore là. On est dans un secteur, le bâtiment, qui a beaucoup d'inertie ». Mais l’entrepreneur est inquiet sur les prochains mois, notamment dans la perspective des discussions budgétaires qui s’annoncent ardues « Si on a un État qui n'arrive plus à se créer un budget en 2025 ou 2026, la commande publique, je pense ne pas être pessimiste en disant qu’elle va être impactée et qu'on va avoir une baisse de la commande publique dans les années à venir ». Même envisager un maintien de cette commande n’est pas une source pour le rassurer « si c'était un maintien des dotations, un maintien dans un contexte inflationniste, ça revient à une baisse » explique l’altiligérien.
Mais qu’en est-il de la situation du secteur du bâtiment en Haute-Loire ?
L’activité, comme au niveau national est en recul à en croire Julien Planchon mais il préfère temporiser. La « situation il ne faut pas la noircir à l’instant T ». Actuellement d’importants projets sortent de terre dans le département. Le VVF des Estables, le gymnase de Guitard au Puy-en-Velay porté par la région ou encore un chantier à l’URSSAF de Vals-près-le-Puy. Ce sont surtout de grosses entreprises qui interviennent, des PME. Sauf que « 75% de nos adhérents ont moins de 5 salariés. Et ces salariés, ces entreprises-là n'accèdent pas à ce type de chantier. Et eux, c'est le logement dont ils dépendent, que ce soit le logement neuf ou la rénovation et c'est aujourd'hui celui qui est le plus touché par la crise ».
La Haute-Loire ne fait pas office d’exception mais elle reste encore préservée car « la Haute-Loire, comme tous les départements ruraux, connaissent rarement les sommets d'activité. Donc on connaît également rarement les creux avec très peu d'activité ». C’est aussi l’avantage d’être multisectoriel mais reste que les acteurs du département sont impactés comme il le sont au niveau national avec une récession de 5% en 2024, un chiffre qui reflète la situation de Haute-Loire selon le patron de la FFB43.
L'interview complète de Julien Planchon est à réécouter en début d'article.


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