Le Rugby féminin en développement à Villeneuve d'Ascq. Laurine Agache
Pendant la coupe du monde de Rugby féminine, on jette une œil sur le développement de ce sport avec la chargée de développement de la section féminine au Stade Villeneuvois, club en première division. Laurine Agache nous présente les enjeux lié à l'ouverture aux femmes de son sport, très genré au masculin dans les esprits.
Laurine AgacheAprès la victoire en ¼ de finale et à la veille du match tant attendu contre l’Angleterre (vainqueure du tournoi des 6 Nations cette année), Laurine Agache ne doute pas de l’équipe de France.
« Les Françaises sont des guerrières. Elles ne lâchent jamais rien en défense. On est aussi la 2ème meilleure équipe en attaque. Elles ont envie de rendre fier leur pays. Tout est possible samedi à Bristol. »
Deux joueuses nordistes chez les Bleues
Car elle connaît bien les joueuses du XV de France, en particulier la deuxième ligne Hina Hikahehegi et la centre et vice-capitaine Marine Ménager, formées toutes les deux au Stade Villeneuvois.
Si tout espoir est donc permis pour la suite de cette coupe du monde féminine, Laurine Agache est consciente des conditions qui désavantagent sans doute encore l’équipe tricolore.
« L’Angleterre a tout misé sur un championnat entièrement professionnel, avec de nouvelles infrastructures, des matchs diffusés, un staff pro… C’est sans doute ce qui fait la différence entre les favorites et les ultra-favorites. On est en cours de développement et la fédération investit beaucoup pour que ça évolue. »
Casser les codes
Avis aux amateurs de beau jeu et de placages tranchants : le rugby féminin se veut de plus en plus plaisant et décomplexe. Les athlètes qui l’incarnent, à l’image des sœurs Ménager ou de Manae Feleu, sont déterminées à changer les regards sur un sport jusque-là réservé aux hommes.
Pour Laurine, « pas facile de casser les stéréotypes mais ça passera sans doute par les performances. L’important c’est que les gens prennent du plaisir devant le rugby, féminin ou masculin. C’est le même sport. »
Un changement de paradigme que reflètent déjà les chiffres nationaux : si le nombre de licenciées a doublé en 4 ans (52000 inscrites aujourd’hui), la fédération espère passer le cap des 100000 d’ici 2033.
Au Stade Villeneuvois comme ailleurs le rugby se présente comme une « école de vie » où chacune peut participer à une véritable histoire de famille.
« Peu importe sa morphologie, une fille qui veut découvrir notre sport sera toujours la bienvenue. En défense, en attaque, on fait en sorte qu’elle se sente bien et à sa place dans une équipe. »
Solidarité, épanouissement, ambition
Les valeurs du ballon ovale s’appliquent dans le Nord comme dans le sud-ouest : Après-tout, en arrivant de la Grande Bretagne le rugby est bien passé par les Flandres…
« On accueille chacune et on l’aide toujours à se relever après un placage. C’est un sport de rencontres et d’émotions. Le club est comme une deuxième famille pour moi. Et c’est ce qui me donne envie de tout donner sur le terrain. »
Fort de ses 600 licenciés et 10 salariés, le LMRCV (Lille Métropole Rugby Club Villeneuve) reste un club amateur qui s’efforce de se structurer.
« On a recruté un staff et 3 entraineurs à temps plein. On s’est juste maintenu en élite 1 la saison dernière. Cette année on veut performer, construire un groupe sur de nouvelles bases, et pourquoi pas faire la meilleure saison possible avec nos joueuses… »
Une grande nouveauté : le CDD sportif
Dans un souci croissant de donner un vrai statut aux femmes engagées sur le terrain, Laura Di Muzio, ancienne internationale de rugby et présidente du club, a créé 8 contrats de CCD sportif. Cotisations retraite, couverture médicale : avec 550 euros par mois les joueuses courent un peu moins après l’argent pour payer leur loyer, et sans doute un peu plus sereinement avec le ballon sous le bras.
« En 2023 on était le premier club à proposer des contrats à nos joueuses d’élite 1, ce qui leur permet de sortir d’une certaine précarité. On travaille avec les syndicats et la fédération pour continuer à développer des équipes professionnelles… Et voir un jour les femmes recevoir, en plus d’un statut reconnu, un salaire qui leur permettra de vivre du rugby. »


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