Nous sommes le 10 janvier. Il nous reste donc tout une année pour ne pas tenir nos résolutions prises le Jour de l’An. Tout une année pour faire et refaire nos listes de résolutions, réaffirmer nos décisions.
« Je me jure à moi-même de prendre désormais les règles suivantes pour règles éternelles de ma vie » : « Toilette, prière, travail ».
Ce ne sont pas mes résolutions pour l’année 2018. Ce sont celles de Charles Baudelaire, pour l’année 1862.
Pour Baudelaire, tout manque de volonté est, dit-il, « une parcelle de substance perdue ». On se perd soi-même à manquer de volonté. On perd en consistance, on s’étiole.
Être, c’est vouloir. Celui qui manque de volonté vit donc comme à demi.
Mais l’essentiel est-il vraiment de prendre de bonnes habitudes et de s’y tenir ? Est-ce à cela qu’on reconnaît la volonté ?
Il me semble que non.
Il me semble qu’on reconnaît la volonté au pouvoir que nous avons de commencer, d’inaugurer quelque chose, de faire advenir du nouveau, du neuf. En cela réside la liberté, en cela réside la volonté. Tout commencement, même modeste, même infime, même le moins héroïque qui soit, est un miracle.
Quelque chose qui suspend pour un temps le cours inexorable des choses, une brèche dans nos routines, un petit événement qui donne la preuve que nous ne sommes pas totalement le jouet de conditionnements et d’habitudes.
Que nous pouvons nous surprendre, bifurquer, innover. Donner vie à l’inattendu, favoriser l’improbable.
Telle est la grande leçon de la philosophe Hannah Arendt :
« Ce qui d’ordinaire demeure intact dans les époques de pétrification est la pure capacité de commencer. (…) Tout acte est un « miracle » – quelque chose à quoi on ne pouvait pas s’attendre. Il faut en conclure qu’une capacité d’accomplir des miracles compte aussi au nombre des facultés humaines. »
Bonne année à tous !
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