Voici donc le début du mois de mars, troisième mois de l'année dans notre calendrier, qui s'assimile en principe au fait de se sentir guilleret, grâce au printemps qui s'approche. Mais si on met une majuscule au mot "mars", il s'agira alors du dieu romain de la guerre. Au moment où la rencontre du président Zelenski et du Président des Etats-Unis a pour le moins été violente, avec pour sujet la "guerre" entre l'Ukraine et la Russie qui a fait réagir le monde et notamment l'Europe, le mot "mars" devient alors particulièrement fort.
Retour sur la symbolique particulière du mois de mars, en se souvenant tout d’abord que, s’il s’agit pour nous du troisième mois de l’année, il n’en était rien pour les Romains à qui on doit le nom de ce mois associé donc dans leur mythologie au dieu de la guerre. En fait, si c’est bien aux Romains que l’on doit les noms de nos mois, la notion de début d’année était bien différente puisque « mars » représentait pour eux le premier mois de l’année, ce qui en fait clarifie l’étymologie encore visible des noms de nos mois. « Mars », premier mois de l’année romaine, « avril », deuxième mois, « mai », mois de la déesse Maia, troisième mois. Ensuite « juin », mois de Junius Brutus, quatrième mois ; puis « juillet », cinquième mois, du nom de Julius, Jules César. Puis vient « août », sixième mois romain, celui de l’empereur Augustus, Auguste. C’est alors que la logique des nombres cardinaux s’impose avec « septembre », le septième mois, « octobre », le huitième, « novembre », le neuvième et « décembre », le dixième. Voilà pourquoi, gardant la terminologie romaine mais commençant notre année deux mois plus tôt, le mot de « décembre » est paradoxalement notre douzième mois. C’est au pape Grégoire XIII en 1582, que l’on doit d’être passé du calendrier julien au calendrier dit grégorien, ce dernier corrigeant le retard d’environ trois jours tous les quatre cents ans qu’entraînait le premier calendrier, et au passage on supprima dix jours pour rattraper le retard accumulé.
Ce mois correspondait au retour des beaux jours, propices donc à la reprise des activités militaires. Les légions romaines étaient alors prêtes à reprendre le combat. Il faut aussi souligner que Mars était le deuxième des dieux romains, après Jupiter. Enfin, il convient d’ajouter à ces considérations guerrières que Mars représentait aussi le dieu de la jeunesse et du printemps marquant la fin de l’hiver. Là aussi l’étymologie est parlante, le mot "printemps", étant issu du latin « primus tempus », le premier temps. À dire vrai, au moment de la Révolution française, lorsque la Convention décida d’établir en 1793 un calendrier républicain pour rompre avec le supposé « ancien régime », chaque mois devant mesurer trente jours, c’est-à-dire trois décades, on demanda à Fabre d’Églantine de donner un nom nouveau à chaque nouveau mois. En fonction du nouveau calcul, on appela « Ventôse » la période s’écoulant en gros entre le 19 février et le 19 mars, et « Germinal » celle du 20 mars au 19 avril, et cela en résonance avec le latin « germen, germinis », graine, ladite période étant favorable à la germination. Considérons qu’on est en ce début du mois de mars en « ventôse », période de turbulence climatique et internationale, et espérons
que « germinal » nous apportera de bons germes d’apaisement pour toute la planète.
Jean Pruvost, lexicologue passionné et passionnant vous entraîne chaque lundi matin dans l'histoire mouvementée d'un simple mot, le mot de la semaine !
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