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Le cimetière de nos indifférences

Le cimetière de nos indifférences

 - Modifié le 17 janvier 2020
Il y a cinq ans le cadavre d’un petit garçon rejeté par les vagues sur une plage, avait bouleversé le monde. Que dire aujourd'hui ?
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Le Pape nous exhortait alors à ce que nos indifférences de nantis ne soient pas pour ces pauvres gens un cimetière plus implacable que les vagues de la Méditerranée.

Voici que, la semaine dernière, le corps sans vie d’un jeune adolescent ivoirien de 14 ans est retrouvé dans le train d’atterrissage d’un long courrier d’Air France à son arrivée à Roissy. Quelques temps plus tôt un autre cadavre était littéralement tombé du ciel dans un jardin anglais: sans doute à l’ouverture du train d’atterrissage d’un autre long courrier en provenance de l’Afrique...

Le constat est implacable et glaçant : la mise en garde du Pape n’aura pas servi à pas grand chose. Les États ne bougent pas. Aucune déclaration, rien. Même pour dire « on est désolé ». Rien absolument rien: chacun espère que ces nouvelles tragiques seront rapidement effacées par d’autres plus légères.

Et c’est ce qui s’est passé pour le dernier enfant mort : en 24 heures la nouvelle a été dissipée. Au début anonyme, l’annonce de son identité n’a provoqué aucune parole publique. Il n’y a plus que Sant Egidio et quelques religieux pour donner à ce garçon une reconnaissance en invitant les fidèles vendredi dernier à prier pour lui. Tout le monde s’en fout en fait.

Ce cadavre a un nom : il est né le 5 février 2005 et s’appelle Ani Guibahi Laurent Barthélémy.

Que ce gosse de 14 ans  bondisse sur le train d’atterrissage d’un avion en partance pour Paris parce qu’il y voit le seul moyen d’échapper au bidonville et à la violence de son quartier, cela ne nous émeut pas. Il y en a même qui vont jusqu’à s’autoriser à condamner son geste: « mais que font les parents? », « tout de même ce ne sont pas des manières... ». Tout en rappelant gravement que nous aussi nous avons nos problèmes et que rien n’est simple.

En effet rien n’est simple pour ceux qui veulent tout compliquer pour se justifier de ne rien tenter.

Pourtant il suffit de s’informer un minimum pour se rendre compte que pour un jeune de 14 ans, vivre autour de l’aéroport d’Abidjan dans des quartiers en ruines, livrés à la misère et à la violence, et voir tous les jours ces avions décoller vers des pays de cocagne, cela peut conduire à un geste fou. On peut se contenter de soupirer et de s’en moquer.

Je me demande pour ma part comment ce jeune homme nous accueillera, avec tout ceux que nous avons méprisés ou dont nous avons refusés de nous occuper, le jour venu aux portes du Royaume. Et j’avoue que, sur ce point, non, je ne suis pas serein.

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