Ce n’est pas la saint Valentin, je le sais, mais pourtant, partout, j’entends parler de l’amour. Et des tragédies de l’amour : ruptures, quête affolée du prince charmant, doutes, déceptions… Rien comme l’amour ne dit mieux cette fragilité de la vie, ce fait indépassable que vivre, c’est être exposé aux joies comme aux chagrins. C’est être exposé au fait que ce qui compte le plus peut aussi être ce qui nous fait le plus mal.
« Que nos amours ni ne meurent ni ne nous tuent », déclarait le grand poète anglais de la Renaissance, John Donne. Ni ne meurent, ni ne nous tuent… Quel programme ! Oui, parce qu’il faut être honnête : ce que nous voulons de nos amours, c’est qu’ils durent toujours. Et c’est bien cette promesse du toujours, cette fidélité, cet engagement, qui posent problème. Probablement de nos jours beaucoup plus qu’avant.
L’amour est plus difficile de nos jours ? Il meure plus vite, plus souvent ? Oui, notre époque est marquée par la difficile coexistence entre cette aspiration à l’amour qui dure toujours et la tyrannie du choix. Car nous sommes en permanence sommés de choisir, d’évaluer, de noter, de voter pour ou contre. Et l’amour n’y échappe pas : il fait lui aussi l’objet de cette frénésie d’évaluation constante. Les histoires d’amour finissent mal de nos jours, parce que nous leur faisons subir cette épreuve du plébiscite permanent.
Avec, à l’esprit et au cœur, l’idée qu’un meilleur choix est toujours possible : J’aime, Je n’aime plus. C’est là la thèse de la sociologue israélienne, Eva Illouz, dans son ouvrage Pourquoi l’amour fait mal ?. Eva Illouz qui vient de faire paraître plus récemment un livre sur la tyrannie du bonheur. L’homme moderne est un homme tyrannisé – par trop de possibilités, trop de choix, trop d’impératifs à être bien, heureux et amoureux.
J’aurai peut-être changé d’avis pour la saint Valentin, mais pour l’heure, je le dis, je l’avoue : amour, gloire et beauté, toujours, tout le temps, et épuisant.
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !