La vente d'arme, un acte surtout politique
Armement, secteur hautement sensible. La France compte parmi les leaders du marché. Et l'on soutient que cela génère des emplois dans notre pays. Alors que le Salon du Bourget, véritable vitrine d'un domaine qui ne connaît pas la crise, ou presque, a refermé ses portes hier, on parle déjà de 150 milliards de dollars de chiffre d'affaires.
"La vente d'armes, c'est d'abord un acte politique"
Un marché pas comme les autres
Dans les travées du Salon international de l'aéronautique et de l'espace (SIAE) de Paris-Le Bourget, se vend de la sécurité, de la technologie, du rêve. Des rafales, des drones, et des systèmes d'alarme. Une guerre ultra technique dans une ambiance ultra aseptisée. Le secteur cultive l'art de se taire ou d'en dire le moins. Le journaliste Romain Mielcarek a l'habitude de cette discrétion. "La condition pour répondre est l'anonymat, mais plus par peur de la hiérarchie qui essaie de contrôler la manière dont on parle de ce secteur." Auteur du blog Guerres influences, il vient de publier "Marchands d'armes" (éd. Tallandier).
de la politique plus que du commerce
Le marché des armes n'est décidément pas un marché comme les autres. Il s'agit de protéger les populations et d'assurer la sécurité des Etats. "La vente d'armes, c'est d'abord un acte politique, expliquent généralement les acteurs du secteur à Romain Mielcarek, il mobilise l'ensemble de l'appareil d'Etat." De quoi interroger d'ailleurs notre démocratie, puisque ce ne sont pas forcément les élus à l'Assemblée nationale qui tranchent sur le sujet.
"Si une arme sert à tuer dans le cadre d'une légitime défense, elle sert aussi à commettre des atrocités"
un marché à réguler
Le 2 avril 2013, le Traité sur le commerce des armes a été adopté par l'Organisation des Nations unies. On le doit à plusieurs ONG comme Amnesty International, qui veillent au respect des droits humains. Parce que les armes servent aussi à tuer, "à faciliter les violations graves des droits humains" dans le jargon d'un chargé de plaidoyer, il a fallu imaginer ce traité "préventif", explique Aymeric Elluin. Avant, "60% des violations graves des droits humains étaient liés à l'utilisation d'armes." Et au fait que les Etats exportateurs n'obéissaients qu'à des intérêts commerciaux. "Si une arme sert à tuer dans le cadre d'une légitime défense, rappellons que les armes servent aussi à commettre des atrocités."
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