Comme chaque année, les lycéens de La Rochelle étaient sur les ronds-points pour fêter les cent jours avant le baccalauréat. Une tradition très attendue par les élèves, symbolique de la fin prochaine des études du secondaire, mais également propice à la consommation d'alcool.
"On est venus camper hier soir, aux alentours de 19h, mais je connais des gens qui sont venus camper dès lundi !". Élève de terminale au lycée Léonce Vieljeux, Paul fait partie des innombrables lycéens qui occupent les ronds-points de La Rochelle en ce mercredi 12 mars. Le rendez-vous est connu de tous : aujourd'hui, cent jours avant le baccalauréat, ils célèbrent le Père Cent.
Le concept est simple : se déguiser, arrêter des voitures pour demander de l'argent aux conducteurs et ainsi financer une dernière fête avant le début des révisions pour le bac. Une tradition très populaire en Charente-Maritime, et aux racines anciennes ; plusieurs élèves racontent ainsi que leurs parents l'avaient déjà fait avant eux, ce qui explique aussi pourquoi la plupart ont pu sécher les cours pour aller solliciter les automobilistes rochelais.
Postés sur le rond-point de la piscine Lucien Maylin, Raphaël et ses camarades ont commencé leur collecte à six heures du matin, malgré le temps maussade, et accostent chaque voiture qui s'arrête au feu rouge. "Les gens sont plutôt généreux", souligne cet élève du lycée Jean Dautet, alors que le rond-point est très peuplé : "juste en face de nous, il y a un groupe du lycée Fénelon Notre-Dame, il y a aussi Saint-Exupéry... On est facile une soixantaine sur un rond-point de cent mètres carrés, donc on a pas mal de concurrence !". Et le groupe a une arme secrète : un TPE, qui leur permet d'encaisser aussi bien la monnaie que les paiements en carte bleue. "On est sur tous les fronts", se félicite Raphaël.
Une concurrence qui reste malgré tout saine et bon enfant, explique Paul. S'il évoque une "petite guerre de territoire" pour s'assurer d'avoir l'endroit le plus fréquenté, comme le boulevard André Sautel, les lycéens restent amicaux : "il y a eu une mini-tension au début, mais on s'est accordés et finalement on s'entend très bien". Exemple avec le partage d'un billet de cinq euros donné par une conductrice à deux groupes de lycéens désormais réunis.
Côté déguisements, les adolescents rivalisent d'imagination. "On essaie d'être un peu originaux", souligne Théophile, élève du lycée privé Fénelon Notre-Dame et déguisé en dinosaures. Autre stratégie mise en place par le groupe : ils donnent des bonbons aux conducteurs en échange de leur monnaie. Et cela fonctionne : avant la mi-journée, Théophile et ses camarades sauriens sont déjà "à plus de 200 euros" et visent les 500 euros. Le groupe de Raphaël se base de son côté sur les résultats des années précédentes. "L'année dernière, certains se sont faits 800, 900 euros, donc on verra bien", explique Ida, scolarisée au lycée Jean Dautet.
Un pactole final que chacun pourra utiliser à sa convenance. Ida et sa camarade Meije comptent ainsi aller au restaurant à l'issue de la journée. D'autres prévoient d'aller dans des bars ou en boîte de nuit, illustrant également l'aspect plus sombre de la tradition, bien souvent marquée par de la consommation d'alcool par les mineurs. Certains, enfin, l'utiliseront pour leur pur profit personnel ; Raphaël raconte ainsi qu'une de ses camarades profitera de ses gains pour s'acheter de nouveaux écouteurs.
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