"La robe blanche" de Nathalie Leger

C’est une belle histoire tragique : imaginez une jeune femme, en robe de mariée, voyageant en stop de Milan à Jérusalem. C’est Pippa Bacca, l’héroïne vraie du livre de Nathalie Léger La robe blanche. En 2008, Pippa Bacca  - de son vrai nom Giuseppina Pasqualino di Marineo - épouse le monde avec sa robe blanche : elle veut traverser les pays en guerre et promouvoir la paix. Ce n’est pas une militante, juste une artiste qui a imaginé cette « performance » pour marquer les esprits, balayant de sa traîne les malheurs contemporains.

Le drame, oui, le tragique de cette histoire, c’est que Pippa Bacca a été rattrapé par la violence, quelque part en Turquie, assassinée et retrouvée dans un fossé, exécutée par l’homme qui l’avait pris en stop. « Pourquoi l’autostop ? C’est une façon de faire confiance à son prochain, avait-elle répondu. Pour prouver que, lorsqu’on fait confiance, on ne peut recevoir que du bien. » Comme on voudrait encore y croire…
 
L’auteur aborde deux questions : tout d’abord, l’art peut-il changer le monde ? L’auteur évoque un homme qui pousse un bloc de glace dans les rues de Mexico jusqu’à ce qu’il soit fondu, un autre qui essaie de couper le fil de l’eau avec un couteau…  Inutile, en apparence mais « Les performances disent obstinément quelque chose de vrai », estime Nathalie Léger. Ainsi, Pippa Bacca n’est-elle peut-être pas morte en vain.

Deuxième question, posée par la mère de l’auteur qui hante ces pages, qui se plaint de n’avoir connu que l’échec et en appelle à sa fille : « Etait-elle victime d’une injustice ou bien était-elle responsable de son malheur ? » La performance de l’auteur, c’est de vouloir, sur la page blanche, dire quelque chose qui console… Mais l’écriture peut-elle y parvenir ? Pippa, quant à elle, a voulu réparer quelque chose de démesuré et n’y est pas arrivée… Linceul de cette triste histoire, le livre écoute la mère et sauve Pippa de l’oubli.