La destruction de la nature : reflet de notre anthropocentrisme excessif
La première est une étude américaine qui révèle que l’Amérique du Nord a perdu 3 milliards d’oiseaux depuis 1970. En Europe, cette perte était chiffrée à 420 millions d’oiseaux. Mais ce qui est très révélateur, c’est qu’on a un phénomène très similaire dans sa forme et dans ses causes : un déclin qui touche à présent les espèces communes, les plus robustes vis-à-vis de nous.
En Amérique du Nord et en Europe on retrouve : mêmes destructions de milieux naturels, même agriculture intensive où on n’a pas une haie, pas un buisson, même urbanisation, etc. Il ne reste pratiquement plus d’espace où la vie sauvage reste chez elle, et de plus nos milieux transformés par l’homme sont imperméables à toute biodiversité, même la plus banale. On voit une incompatibilité systémique entre notre façon de traiter le monde et toutes ces espèces vivantes dont il faut encore rappeler que nous dépendons, ne nous en déplaise.
La deuxième information, c’est la triste histoire d’un phoque massacré à coups de pied par un pêcheur du côté de Dunkerque. Les phoques qui avaient quasiment disparu sont redevenus un petit peu plus nombreux et les pêcheurs en viennent à les accuser de déchirer leurs filets ou de manger trop de poisson, et de leur faire une concurrence qui les met en péril. Mettre ces deux informations en relation, ça illustre un énorme problème de perspective.
Il ne reste quasi plus d’animaux sauvages. Mais dès qu’on en croise un, le réflexe est de le tuer, comme si on restait des Néolithiques environnés d’une jungle hostile peuplée de milliards d’animaux hostiles. On rêve. Si l’équilibre économique de la pêche dans la Manche est fragile à ce point, ce n’est sûrement pas à cause des phoques. Si on les enlève tous, ce pêcheur s’en sortira toujours aussi mal. Nous ne savons toujours pas nous comporter avec la vie sauvage. Ce n’est pas dans notre tête.
Nous avons des outils mentaux non pas remis à jour. C’est ce que le pape rappelle dans l’encyclique Laudato Si en rappelant qu’il n’y a pas d’écologie sans anthropologie adéquate. Il le fait après avoir dénoncé le paradigme technocratique mais aussi un anthropocentrisme excessif qu’on a cru, à tort, fondé sur le christianisme. Cette anthropologie qui prend en compte, comme système, l’homme et le vivant au cœur duquel il est placé, elle est à construire.
L’écologie c’est aussi ce chantier de réflexion à débuter partout, pourquoi pas en paroisse, en groupes divers, autour de l’encyclique mais aussi de textes écologiques de référence. "On connaît le voir, juger, agir". Mais la crise écologique est un défi parce qu’elle est si nouvelle qu’il faut rénover la grille de jugement. C’est un sujet pour tous, aussi bien que le volet d'actions concrètes que propose par exemple Eglise verte.
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