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La chronique cinéma

RCF,  - Modifié le 2 mai 2019
Chaque mercredi Valérie de Marnhac vous présente un film qui sort en salles.
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Je vous propose de ressortir vos tourne-disques et de plonger dans les années 60. Nous partons dans le sud profond des Etats-Unis, pour suivre la tournée d’un pianiste noir new yorkais, Don Shirley, qui embauche comme chauffeur, et à l’occasion garde du corps, un videur de boite de nuit blanc, italo-américain, Tony Lip. La situation et le duo qu’ils forment à l’écran a un pouvoir comique. Le réalisateur Peter Farelly vient de cet univers-là.

Don Shirley (le pianiste) est cultivé, raffiné, il a une élocution très précieuse et il vit à Carnegie Hall dans un luxueux appartement. Tandis que Tony vit dans la communauté italienne du Bronx, au milieu d’une famille nombreuse, il est baratineur, costaud et plutôt raciste. Mais il va devoir servir son "boss", dans une région encore très ségrégationniste, et la réalité devient alors plus sombre.

La question noire dans l'histoire américaine sert de trame de fond sauf que là le point de vue est inversé. Plutôt que de suivre, comme souvent, l’émancipation d’un noir américain vers la liberté, on fait ici le chemin inverse avec Don Shirley. Il a déjà acquis une notoriété et une reconnaissance musicale à New York et il part dans le sud en vedette, pour se confronter à la ségrégation raciale. Pour justifier son voyage, il dit à Tony: “Le génie à lui seul est insuffisant pour changer le cœur des gens, il faut du courage”.

Le road-movie au cinéma, c’est souvent la métaphore d’un parcours initiatique. Chaque étape de la tournée va les amener à se révéler à eux même et à se rapprocher un peu plus de l’autre. Le film en devient même trop didactique dans le genre ! Le scénario est bien ficelé, le montage est très maitrisé. Mais on aurait aimé qu’il creuse un peu plus cette quête existentielle et qu’il nous surprenne plus souvent. Tout est très consensuel et un peu trop attendu à mon goût.

Mais j'ai quand même aimé le film parce qu'il est est très bien joué et sincère. Le scénario a été écrit par le propre fils de Tony Lip, qui a voulu rendre hommage ici à son père et à Don Shirley, et surtout à leur très belle amitié qui a duré plus de 50 ans. Quant aux acteurs, je voudrai terminer par un zoom sur celui qui joue le rôle de Tony. Si vous ne le connaissez pas encore, retenez son nom, il s’appelle Viggo Mortensen. Il vient d’être nommé hier à l’Oscar du « meilleur acteur ». Verdict le 24 février prochain !

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