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La chronique cinéma

La chronique cinéma

 - Modifié le 20 mars 2019
Focus sur Sunset, une enquête historique et familiale dans la Hongrie du début du XXème siècle.
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C’est un exercice délicat pour Laszlo Nemes parce qu’il s’agit de son deuxième film et que le premier a été très remarqué. C’était Le fils de Saul, qui avait fait l’effet d’une bombe cinématographique en 2015. Il avait raflé le Grand Prix du Jury au Festival de Cannes, puis la même année, le Golden Globe et l’Oscar du meilleur film étranger.
 

ALORS CE SECOND FILM EST IL A LA HAUTEUR DU PREMIER ?

Oui. Il est aussi subjuguant visuellement et il a le même pouvoir d’immersion pour le spectateur. Il est moins éprouvant puisqu’on remonte le temps et qu’on quitte le camp d’Auschwitz pour la ville de Budapest, en 1913, à la fin de l’empire austro-hongrois.
C’est à nouveau une période charnière de l’histoire européenne et les deux films traquent la même quête quasi-obsessionnelle de leur personnage central.

Sunset commence par l’arrivée d’une jeune femme, Irisz Leiter, dans une chapellerie qui a jadis appartenu à ses parents décédés. Elle, a grandi dans un orphelinat en Italie et en revenant à Budapest, elle apprend l’existence d’un frère dont elle ignore tout et qu’elle va se mettre à chercher à tout prix.
 

POURQUOI LE CHOIX DE SITUER SON FILM DANS UNE CHAPELLERIE ?

Elle agit comme une métaphore de la fin de ce 19ème siècle raffiné et éclairé, où l’élégance des femmes cache en réalité une société au bord du chaos. Il l’oppose ainsi à des scènes sombres et violentes, qui marquent le bouillonnement politique de l’époque. Jusqu’à la 1ère guerre mondiale qui est évoquée en toute fin du film dans un plan séquence de clôture saisissant.

La chapellerie, c’est aussi un clin d’œil à l’histoire du cinéma. Parce que l’une des premières projections publiques connues en Hongrie a été organisée par des frères, non pas Lumière mais Sziclai, Arnold et Szigmund. Ils avaient acheté une chapellerie pour la transformer en salle de spectacle ! Dans la 1ère scène où Irisz fait des essayages, la vendeuse -hors-champ- lui ajuste un chapeau en disant : « Levons le voile ». Et c’est ce que vont tenter de faire Irisz et le réalisateur sur cette période.
 

ALORS QUE NOUS DEVOILE LE FILM ?

Nous suivons Iris dans sa quête de vérité, avec le même procédé cinématographique que dans Le Fils de Saul. La caméra la filme au plus près, avec une très faible profondeur de champs, ce qui fait que l’arrière-plan reste flou. A l’image de ce qu’elle parvient à percevoir de la réalité de l’époque.

Avez Laszlo Nemes, il faut accepter de quitter notre rationalité et notre envie de tout comprendre. Il aborde son récit de manière sensorielle, c’est à dire par les sens. Le prénom de Irisz en dit long sur son procédé. Pour lui, le cinéma est avant tout une expérience esthétique qui a l’ambition de se rapprocher de la vérité historique, mais différemment des autres arts. Alors si vous aimez lire Stefan Zweig ou Sandor Marai, allez voir SUNSET de Laszlo Nemes, c’est un film somptueux et hors du commun.

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