​​« Je suis de ta race »

Samedi dernier, jour du sabbat, du repos et de la prière, 11 personnes ont été tuées, 6 autres blessées, dans une synagogue à Pittsburgh, en Pennsylvanie, dans la plus grave attaque antisémite de l’histoire récente des États-Unis. Le tueur, suprémaciste blanc, avait annoncé vouloir tuer des juifs car « ils doivent tous mourir », disait-il.

Jour des morts, se souvenir de ceux qui nous ont quittés - Le 2 novembre, jour des défunts. Plus de 35 millions de Français se rendent chaque année au cimetière. Au lendemain de la Toussaint, fête qui célèbre l'espérance chrétienne au-delà de la mort, ils font mémoire des défunts. Une journée pour se souvenir de ceux qui nous ont quittés.
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Des actes et des propos qui nous terrifient, renvoyant une fois encore et toujours à un antisémitisme archaïque rampant, vivant sous toutes nos latitudes. Ces vies à jamais raptées par la folie criminelle d’un homme se croyant justicier de son monde s’appelaient Joyce, Jerry, Rich, Cecil, David, Bernice, Sylvan, Daniel, Melvin, Irving. Il y avait enfin Rose, 97 ans qui avait survécu à la shoah et est tombée sous les coups de l’assassin, 73 ans plus tard.

Depuis la campagne présidentielle de 2016 et l’investiture de Donald Trump, le discours d’extrême droite contre les minorités raciales, les immigrés et les personnalités juives prolifère, alimenté par la théorie du complot, du « grand remplacement » démographique. Des supposés « mondialistes » conspireraient pour la destruction de l’Amérique blanche comme de l’Europe blanche.

Devant une telle barbarie, devant aussi une telle bêtise dont la prolifération est rendue possible par l’épidémie – via les réseaux sociaux- de fausses nouvelles avec leurs propos xénophobes et racistes totalement désinhibés, nous sommes désemparés. Alors au moins restons des combattants pour une commune humanité plurielle, dans nos vies ordinaires, portés par ces mots du poète Edmond Jabès :

"Il m’a dit
Ma race est la race jaune.
J’ai répondu :
Je suis de ta race.
Il m’a dit :
Ma race est la race noire.
J’ai répondu :
Je suis de ta race.
Il m’a dit :
Ma race est la race blanche.
J’ai répondu :
Je suis de ta race ;
car mon soleil fut l’étoile jaune
car je suis enveloppé de nuit ;
car mon âme, comme la pierre de la loi
est blanche."
 
Ce 2 novembre, nous ferons mémoire des morts qui nous sont chers et qui habitent au creux de nos âmes. Alors n’oublions pas ces femmes et ces hommes qui n’auraient pas dû mourir, ils sont désormais, avec tant d’autres, une part de nous-mêmes dont nous devenons responsables.