« Je peux le faire » : l’étude de Benenova pour un bénévolat réellement inclusif
À l’occasion de la Journée du bénévolat, Benenova publie « Je peux le faire », une étude consacrée à l’engagement des personnes en situation de handicap. Le réseau, qui œuvre pour rendre le bénévolat accessible à tous, y analyse les freins, les leviers et les bénéfices d’un bénévolat inclusif. Pierre Czertow, chargé de mission au sein de Benenova, explique au micro de Nicolas Dufour pourquoi le handicap ne doit jamais empêcher de s’investir pour les autres, et en quoi l’inclusion des bénévoles est une richesse pour les associations comme pour la société.
Pierre CzertowCe qu'il faut retenir :
- Pour retrouver l’étude et en savoir plus sur la démarche de Benenova, rendez-vous sur benenova.fr.
Nicolas Dufour (ND) : Pensez-vous pouvoir faire évoluer les mentalités en publiant l’étude « Je peux le faire » ?
Pierre Czertow (PC) : À l’origine, nous voulions surtout mesurer l’impact des personnes en situation de handicap dans les projets des associations partenaires, qu’il s’agisse d’organisations qui les accompagnent ou de celles qui les accueillent sur le terrain. Et le constat est clair : ces bénévoles sont encore sous-représentés dans le monde associatif. Entre 2021 et 2024, sur plusieurs milliers de bénévoles accompagnés chaque année, seuls environ 400 étaient en situation de handicap.
ND : L’étude s’adresse aux associations, mais aussi aux bénéficiaires.
PC : Exactement. L’enjeu est collectif : comment faire en sorte que chacun puisse accéder à un bénévolat inclusif ? Nous avons d’ailleurs organisé une table ronde sur le sujet, car il n’y a pas d’un côté un bénévolat “normal” et de l’autre un bénévolat “inclusif”.
Inclure demande un accompagnement, oui, mais cela transforme aussi profondément les projets associatifs et rappelle que les associations, qui plaident pour une société plus inclusive, doivent aussi se questionner sur leurs propres pratiques.
ND : Benenova se doit d’être exemplaire sur ce point. Quelle est sa raison d’être ?
PC : Notre raison d’être est simple : permettre à n’importe qui de s’engager, qu’il s’agisse de personnes actives ayant peu de disponibilité, de personnes âgées, de personnes étrangères ou, comme dans cette étude, de personnes en situation de handicap.
Cette étude, financée par la Fondation Autonomia et menée par le cabinet Existe, montre que des actions simples, avec un accompagnement adapté, peuvent avoir un impact très fort.
« Oui, il existe une présomption d’incompétence »
ND : Existe-t-il selon vous une présomption d’incompétence envers les personnes handicapées ?
PC : Oui, et elle est très présente, y compris dans le bénévolat. Les personnes en situation de handicap reçoivent souvent le message qu’elles ne peuvent pas travailler, donc qu’elles n’ont rien à apporter. Certaines finissent par l’intégrer. Nous avons recueilli de nombreux témoignages. L’un d’eux, à Rennes, raconte : « L’État dit que je ne peux pas travailler… mais je peux faire quelque chose de mes mains. » Le bénévolat devient alors un moyen de s’affirmer, de retrouver une utilité, de briser ce plafond de verre où l’on se pense “pas assez compétent”.
ND : Le titre de l’étude, « Je peux le faire », reflète bien cette dimension.
PC : Oui, et il est riche de sens. « Je » : on met en avant la personne. « Peux » : le pouvoir d’agir, essentiel dans l’économie sociale et solidaire. « Faire » : on ne fait pas à la place de la personne. Cela demande du temps, de l’adaptation, et il y aura des échecs. Mais c’est positif pour tout le monde : pour le bénévole, pour l’association qui accueille et pour celle qui accompagne.
ND : En réalité, votre étude parle d’inclusion au sens large.
PC : Tout à fait. Si l’on est capable d’accueillir correctement des personnes en situation de handicap, alors on saura accueillir n’importe qui.
Un mauvais accueil décourage les bénévoles, et les associations manquent déjà de bras. Il faut donc réfléchir à une véritable culture de l’accueil, bénéfique pour tous.
ND : Vous allez jusqu’à parler d’un « protocole de soins collectif ». Pourquoi ?
PC : Parce que, selon nous, la société est malade d’un manque d’inclusion et de vivre-ensemble. Le bénévolat est l’un des rares lieux où des personnes très différentes peuvent encore se rencontrer : âgées, jeunes, étrangères, handicapées, de sensibilités politiques ou religieuses différentes... C’est une manière de faire société, de sortir de l’entre-soi et de combattre l’indifférence.
ND : Le bénévolat évolue. Qui s’engage aujourd’hui ?
PC : Contrairement aux idées reçues, les jeunes s’engagent de plus en plus, notamment les 18-30 ans. Ils cherchent du sens, souhaitent agir concrètement, même ponctuellement. Et nous sommes là pour accompagner les associations dans cette transformation.
L'étude « Je peux le faire » est disponible sur benenova.fr.


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