Les Italiens se sont nettement prononcés contre la réforme constitutionnelle portée par le chef du gouvernement dimanche 4 décembre. Le "Non" au référendum est arrivé largement en tête avec plus de 59% des suffrages. Une sévère défaite pour Matteo Renzi, le jeune premier ministre social-démocrate de 41 ans arrivé au pouvoir fin février 2014. D’autant que la participation, 67%, a été forte. Une défaite à l’effet immédiat. Il a remis, lundi 5 décembre dans la matinée, sa démission au président Mattarella à l'issue d'un conseil des ministres.
Pour Luca Tomini, chercheur à l'Université libre de Bruxelles, ce référendum s'attachait plus au départ de Mattéo Renzi en cas de défaite, qu'à la réforme constitutionnelle proprement dite. "C'était un vote politique contre Renzi, qui a réuni tous les mouvements d'opposition du pays", explique le chercheur. A l'origine, la réforme portait sur la réduction de pouvoirs et de compétences du sénat, la réduction du nombre de sénateurs, la recentralisation du pouvoir des régions et l'abolition des provinces, équivalent italiens des départements.
Le président du conseil italien était obligé de passer par ce référendum risqué car la réforme n'avait pas obtenu les trois quarts des voix au parlement. Luca Tomini voit désormais deux options. La première, "un gouvernement technique formé par le ministre de l'économie ou le président du sénat. Ceux-ci devraient faire adopter le budget de l'Etat et tenter de réformer la loi électorale avant d'aller aux élections anticipées en 2017". Deuxième option, "des élections en 2017 avec la loi électorale en vigueur, une loi proportionnelle pour le sénat et une loi majoritaire pour la chambre".
Concrètement, selon le chercheur, si les élections suivent la loi électorale actuelle, il devrait y avoir deux majorités différentes. La situation ressemblerait alors à celle de l'Espagne, avec une impasse et une instabilité politique. De leur coté, le mouvement Cinq Etoiles et la Ligue du Nord appellent à ces élections législatives anticipées.
En termes de conséquences sur la politique extérieure, Luca Tomini ne voit pas de difficultés trop spectaculaires pour l'Italie. Selon lui, le pays risque "un affaiblissement de sa position sur certains dossiers européens, comme l'immigration ou la gouvernance". Mais "la Banque Centrale Européenne va prendre toutes les mesures pour éviter le risque d'instabilité de l'Euro".
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