Aujourd’hui les dominicains sont présents sur les cinq continents. 6.000 frères, 10.000 moniales, 30.000 religieux apostoliques et 200.000 laïcs qui travaillent à faire vivre l’œuvre et l’héritage du premier des frères prêcheurs. "Un frère prêcheur c’est d’abord un frère. Quelqu’un qui pense que le signe de la fraternité dit quelque chose de fondamental de l’homme. Il y a cette capacité première d’entrer en communion avec l’autre. C’est également vouloir aller dans le monde, révéler cette capacité de fraternité, puis se taire et entendre une parole qui s’approche et qui vient s’adresser à nous" explique le frère Bruno Cadoré, maître de l’ordre des dominicains, docteur en médecine, auteur de "Avec Lui : écouter l’envers du monde" (éd. du Cerf).
Il y a 800 ans, Saint Dominique a eu l’intuition de l’unité de l’humanité, de l’Église, de la communion, et puis l’amitié de Jésus avec les hommes, rappelle Bruno Cadoré. "Au fond je pense que Saint Dominique a été fasciné comme les premiers disciples de Jésus, par le fait que Jésus, pour manifester le fait qu’il était la vérité, s’est approché de ceux qui essaient de bâtir et de tracer leur propre chemin dans l’histoire. Il a voulu d’une certaine façon imiter Jésus s’approchant du monde pour se faire le témoin, le prêcheur de cette amitié" ajoute Bruno Cadoré.
En quelque sorte, les dominicain ont un apriori favorable sur l’homme, malgré les horreurs du monde. "Grâce à Dieu oui. Il y a des désastres dans le monde, on en voit. Il y a trop de souffrance. La vie est pour beaucoup trop dure. Mais en même temps, le monde est plein de pépites de bonté, de disponibilité, d’accueil. C’est de cela dont l’homme est d’abord capable. Pour être témoin de cette amitié, il faut avant tout se laisser habiter de la bienveillance de Dieu pour le monde" lance encore le dominicain.
Le dernier ouvrage de Bruno Cadoré se penche sur l’envers du monde, comme si l’on ne s’inquiétait pas assez des gens qui, dans le monde, sont mis de côté. "On s’habitude trop au fait que la logique dominante laisse croire qu’il y a des dommages collatéraux auxquels il faut se résigner. Et ceci n’est pas vrai si l’on entend comme dégât collatéral le non-respect de la dignité d’une personne humain. A ce moment-là, il faut aller dans cet envers comme le tailleur devant un vêtement un peu dépenaillé. Il faut reprendre les fils et remettre en place tout cela. C’est à partir de l’envers que le monde retrouve sa beauté" analyse Bruno Cadoré.
Concernant la crise que traverse l’Eglise, le frère Bruno Cadoré estime que l’Eglise est appelée "à être plus simple, plus humble, sans pouvoir. Avancer à mains nues et se tenir dans un monde où Dieu n’est pas évident pour tout le monde. Dans les siècles passés, cela ne posait pas de difficultés. Le discours sur Dieu n’est plus évident comme il a pu l’être. C’est une crise de maturité, parce que c’est une crise de simplicité, d’humilité. C’est la question du rapport au pouvoir, à la position installée. Il n’y a pas de position installée dans ce monde si ce n’est de planter sa tente où trop de gens ne peuvent pas s’installer dans leur existence".
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